Officier de la Légion d'honneur
Prononciation :
Jean-Roch Coignet voit le jour à Druyes-les-Belles-Fontaines, dans la province du Nivernais (actuellement le département de l'Yonne), le 16 août 1776. Son père tient une auberge et dispose d'une certaine aisance. Toutefois, en butte aux brimades d'une marâtre, le jeune garçon, à peine âgé de huit ans, finit par s'enfuir de chez lui. Durant quelques années, il gagne sa vie en se louant dans les fermes comme homme de peine. Ces débuts dans l'existence lui interdisent d'acquérir la moindre instruction.
En août 1799, il est incorporé dans l'armée comme grenadier.
Dès sa première campagne, Coignet se distingue à Montebello où sa conduite lui vaut de recevoir un fusil d'honneur. À Marengo, quelques jours plus tard, il subit sa première blessure, heureusement sans gravité.
Versé en 1803 dans la Garde puis décoré de la Légion d'honneur en juillet 1804, Coignet participe par la suite à toutes les campagnes napoléoniennes.
On le trouve présent à Ulm et Austerlitz en 1805, Iéna en 1806, Eylau et Friedland en 1807, Somosierra en 1808, Eckmühl, Essling et Wagram en 1809, la Moskova en 1812, Lützen, Bautzen, Dresde et Hanau en 1813. Pendant la campagne de France de 1814, il prend part à presque toutes les batailles et termine son parcours à Waterloo en 1815, comme Napoléon lui-même.
Les états de service de Jean-Roch Coignet recensent alors seize campagnes et pas moins de quarante-huit combats et batailles, traversés sans blessure grave.
Longtemps entravée par son analphabétisme, sa carrière se déploie à partir du moment où, nommé caporal en juillet 1807 − malgré ce handicap et contre la règle − il apprend enfin à lire et à écrire. Coignet est ensuite promu sergent en 1809, lieutenant en 1812 et capitaine en 1813.
Placé en demi-solde après la seconde Restauration, surveillé par la police comme tous les anciens officiers de l'Empire, il s'installe à Auxerre après avoir refusé de reprendre du service dans l'armée royale. Il se marie en 1818, et vit en exploitant quelques arpents de vigne et une petite auberge. En 1847, il a la satisfaction d'être enfin autorisé à se prévaloir du grade d'officier de la Légion d'honneur qui lui a été octroyé pendant les Cent-Jours.
Après le décès de son épouse, survenu en août 1848, Coignet se lance dans la rédaction de ses fameux cahiers, qui le rendront célèbres. Il les distribue d'abord à ses clients puis les fait publier, en 1851, sous le titre Aux vieux de la vieille.
Le capitaine Coignet meurt le 10 décembre 1865 et est inhumé au cimetière Saint-Amâtre d'Auxerre.
Photographie de Jean-Roch Coignet
Ecrits de mémoire, les Cahiers du capitaine Coignet sont parfois sujet à caution mais restent un témoignage précieux de la vie des hommes de troupes et des officiers subalternes de l'Empire.
La première édition complète et fidèle des Cahiers ne parut qu'en 1968, sous la direction de Jean Mistler. Celles parues jusque-là étaient à la fois fautives et amputées.
En 1969, une série télévisée redonnera vie au vaillant capitaine. Henri Lambert y tenait le rôle principal. Elle est disponible sur le site de l'INA.
Jean-Roch Coignet a été choisi comme parrain par la promotion 2000-2002 de l'Ecole militaire interarmes.