Une société bouleversée par les années révolutionnaires
A sa sortie de l'Ecole Militaire de Paris, en octobre 1785, le jeune officier Napoléon Bonaparte intègre une société, à Auxonne comme à Valence, qui n'a pas subi de changement majeur depuis Henri IV, et où l'ordre établi semble devoir perdurer pour les siècles à venir. Certes les colonies anglaises d'Amérique viennent d'acquérir leur indépendance, de proclamer la république et de se doter d'une constitution moderne, mais cela ne concerne que peu de monde (guère plus de deux millions de citoyens), et c'est si-loin ...
La Révolution Française va alors chambouler l'ordre établi, pour faire émerger, en particulier chez les roturiers, toute une classe de parvenus (si on oublie le sens péjoratif de ce mot). Deviennent ainsi officiers des enfants issus des couches les plus misérables du Tiers-Etat ou de la très petite bourgeoisie ; sont nommés hauts-fonctionnaires d'audacieux opportunistes. Cela tandis que les manufactures, les sciences, les transports, les travaux publics, dopés par une économie consacrée à un effort de guerre sans précédent, commencent à offrir de leur côté des opportunités d'élévation sociale à toute une génération qui n'avait il y a peu que le travail de la terre pour horizon.
Le Consulat puis l'Empire, en apportant une stabilité à ce nouvel ordre, vont consolider ces acquis de la Révolution, à l'exception notable de l'abolition de l'esclavagage, sur laquelle le régime va revenir dès ses premières années. A l'issue de la période, l'enracinement des idées modernes sera tel que la Restauration, quinze ans plus tard à peine, ne saura revenir à l'ordre antérieur.
Dans ce bouleversement puis dans cette consolidation, la Franc-maçonnerie joue un rôle de premier plan, connaissant alors son premier "âge d'or".
Le corps médical
Les sciences médicales et la chirurgie connaissent sous le Consulat et l'Empire des progrès notables.
La médecine bénéficie de la mise en place d'un enseignement de premier plan, tant à Paris qu'en province. Tandis que la vaccination se généralise, on observe également quelques progrès en matière d'hygiène, insuffisants toutefois pour empêcher la tuberculose de devenir le plus grand fléau du dix-neuvième siècle.
La nutrition, elle, devient véritablement multi-disciplinaire puisqu'elle intéresse aussi bien médecins que pharmaciens et botanistes (travaux sur la pomme de terre ou la betterave) et inventeurs (appertisation).
La chirurgie, de son côté, connaît un fantastique essor lié aux atrocités des champs de bataille, où il convient d'aller porter secours aux blessés, de les ramener quand c'est faisable, et de procéder aux gestes possiblement salvateurs (le plus souvent une amputation). Le courage et l'ingéniosité des chirurgiens de la Grande-Armée sont salués par tous. Il faudra attendre le Second-Empire (avec l'amélioration du droit des blessés) et la Première Guerre mondiale (avec de nouvelles techniques chirurgicales, l'asepsie et l'anesthésie) pour connaître une nouvelle évolution de cette ampleur.
Grands médecins et chirurgiens sont bien entendu honorés par le pouvoir impérial, tant financièrement que par l'anoblissement ; toutefois assez modestement, puisque les plus grands praticiens, y compris ceux personnels de l'Empereur, ne sont pas élevés au-dessus du titre de baron ...