L'enfance corse du futur Napoléon 1er
Napoléon Bonaparte voit le jour le 15 août 1769 dans la demeure familiale , rue Malerba à Ajaccio (Corse) . Il est le fils puîné de Carlo Maria (Charles-Marie) Buonaparte, avocat au Conseil supérieur de Corse, et de Letizia (Laetitia) Ramolino. Ses parents lui donnent comme nourrice Camilla Ilari, née Carbone, qu'il appellera bientôt maman et dont il se souviendra toujours avec la plus grande affectation (au point d'envisager, bien plus tard, de lui offrir la Casa Bonaparte).
Le 21 juillet 1771, Napoléon est baptisé en même temps que sa soeur Maria-Anna, qui ne vivra que quelques mois. La cérémonie a lieu dans la Casa Bonaparte, avec l'autorisation de son propriétaire, l'archidiacre Lucien Bonaparte, oncle de Charles-Marie. L'enfant est porté sur les fonts baptismaux par son parrain, le procureur Laurent Giubega, et sa marraine, sa tante Gertruda Paravicini. Cette même année 1771 voit la famille Bonaparte reconnue comme noble par le Conseil supérieur de Corse.
A partir de 1773, le petit Napoléon fréquente l'école. D'abord confié à un établissement tenu par des soeurs Béguines, il intègre en automne 1773 le collège de la ville où il suit la classe de l'abbé Jean-Baptiste Recco. C'est cependant auprès de ses proches qu'il acquiert le plus clair de ses connaissances : son grand-oncle Lucien s'occupe de son instruction religieuse tandis que son oncle Joseph Fesch, qui n'est que de six ans son aîné, lui apprend à lire.
Son temps libre, le cadet des Bonaparte le passe surtout avec le membre de sa famille dont il est le plus proche, son frère ainé, Joseph. Le tempérament calme et placide de celui-ci est pourtant tout à l'opposé du naturel ardent et batailleur de Napoléon, à qui son habitude de participer aux échauffourées qui opposent les enfants des différents quartiers d'Ajaccio attire le surnom de "Ribulione", le perturbateur.
On l'aperçoit cepandant aussi, parfois, plus paisible, arpenter les bords de mer ou se recueillir dans ce qu'on surnomme aujourd'hui la grotte de Napoléon
, au lieu-dit « Casone ». Il apprécie également ses séjours aux Milelli , une vaste propriété dont son père exploite les oliveraies comme locataire, avant d'en faire l'acquisition en 1785.
Cette première vie prend fin, le 15 décembre 1778, lorsque Napoléon embarque avec Joseph et son père pour la France métropolitaine. C'est le premier voyage des deux enfants dans cette patrie encore inconnue.
Etudes et premières affectations
Le 1er janvier 1779, Napoléon est admis au collège d'Autun, en Bourgogne, où son père a pu l'inscrire après avoir obtenu une bourse d'études. Le jeune garçon ne sait alors pas un mot de français. Quatre mois plus tard, il le parle passablement. En mai 1779 il est séparé de son frère, qui l'a accompagné jusque-là, et intègre l'École militaire de Brienne le 15 de ce mois. L'établissement prépare des enfants de la noblesse à la carrière des armes. Le jeune Corse y fait preuve de remarquables dispositions pour les mathématiques.
Il quitte cet institution en octobre 1784, pour entrer à l'École royale du Champ de Mars , à Paris, dans la Compagnie des cadets gentilshommes.
L'année 1785 est pour Napoléon endeuillée par le décès de son père, vraisemblablement d'un cancer de l'estomac, qui laisse une veuve avec huit enfants et peu de revenus. A l'automne, Napoléon reçoit son brevet de Lieutenant en second et est affecté au régiment d'artillerie de La Fère, en garnison à Valence.
Il y arrive le 3 (ou le 6) novembre, en compagnie de son ami Alexandre des Mazis, rencontré l'année précédente à l'Ecole Militaire de Paris, et se loge chez Mademoiselle Bou , dans la vieille ville. La bonne société de Valence lui ouvre ses portes gràce à la recommandation de l'évèque Yves Alexandre de Marbeuf, neveu de ce Comte de Marbeuf dont l'amitié est si propice aux Bonaparte depuis qu'il est gouverneur de Corse. Pour se rendre mieux assorti à ce milieu, le jeune homme n'hésite pas à consacrer une partie de ses ressources, alors très maigres, à des leçons de danse et de maintien.
Lorsqu'il ne sacrifie pas à ces mondanités, Napoléon Bonaparte vit la vie de tous les jeunes officiers désargentés de province, ne se distinguant que par sa frénésie de lecture, avec une prédilection pour les oeuvres de Jean-Jacques Rousseau. Peut-être est-ce en pensant à ce dernier, rendu célèbre par un Discours sur les sciences et les arts rédigé en réponse à un concours de l'Académie de Dijon, qu'il propose à celle de Lyon un mémoire sur la question qu'elle a soumise à discussion : Quels sont les sentiments que l'on doit le plus recommander, afin de rendre l'homme heureux ?
. L'ouvrage, présenté anonymement, obtient une médaille d'or.
En septembre 1786, un premier congé permet à Napoléon de rentrer en Corse, après huit ans d'absence. Il y reste jusqu'en en mai 1788, avec une interruption de septembre à décembre 1787, durant laquelle il séjourne à Paris dans l'espoir de débloquer une subvention due à sa mère pour une plantation de mûriers.
Le lieutenant Bonaparte ne rejoint son régiment qu'en juin 1788, à Auxonne , petite ville de Bourgogne. La vie de garnison y reprend pour le jeune officier, avec ses repas pris en commun avec les camarades – parmi lesquels il a eu la joie de retrouver son ami Des Mazis – et ses soirées passées chez les supérieurs. Mais Napoléon a surtout la chance d'y fréquenter l’École d'Artillerie, la meilleure de son époque dans l'Europe entière.
Napoléon reçoit dans cet établissement un enseignement d'une qualité exceptionnelle, qui achève de faire de lui un soldat et un artilleur dans l'âme. D'autant qu'il complète ses études par des lectures nombreuses et organisées, notamment des écrits de Jean-Baptiste de Gribeauval et Hippolyte de Guibert, deux penseurs militaires contemporains qui ont anticipé les évolutions appelées à se produire bientôt dans la conduite des guerres. Son sérieux et son travail valent au lieutenant Bonaparte l'estime de son professeur de mathématiques, Jean-Louis Lombard, qui lui prédit une avenir brillant, comme du commandant de l’École, le général Jean-Pierre du Teil de Beaumont, et parfois un peu de jalousie de la part de ses collègues.
Début de la Révolution et rupture avec Pascal Paoli. Bonaparte à Toulon
En 1789, année troublée, Napoléon Bonaparte est chargé de réprimer des émeutes populaires dans la région d'Auxonne, puis regagne la Corse où il participe à l'effervescence politique qui agite l'île. Il fait preuve à cette époque d'un nationalisme insulaire, soutenant l'action de Pascal Paoli avec qui il a une entrevue en juillet 1790, peu concluante toutefois.
De retour à Auxonne, Napoléon Bonaparte y est promu premier lieutenant en juin 1791 et transféré au 4ème régiment d'artillerie, à Valence. A l'occasion d'un nouveau congé en Corse, il intègre un bataillon de gardes nationaux d'Ajaccio, avec lequel il participe à des échauffourées qui l'obligent à rentrer à Paris en mai 1792 pour se défendre. Il est réintégré dans l'armée en juillet 1792, avec le grade de capitaine et envoyé à Ajaccio.
Sa rupture avec Pascal Paoli, dont les partisans mettent à sac la maison Bonaparte, l'oblige à fuir l'île avec les siens en juin 1793. Tandis que sa famille s'installe près de Toulon, Napoléon rejoint son régiment à Nice.
Après une mission à Avignon, il se voit confier par la Convention le commandement de l'artillerie devant Toulon, avec le grade de chef de bataillon. Sous les ordres du général Jacques Dugommier, Bonaparte prend une part décisive à l'expulsion de la flotte anglaise grâce à ses talents d'artilleur. Il se bat aux côtés de futurs maréchaux ou généraux d'Empire, comme Auguste-Frédéric-Louis Viesse de Marmont, Jean-Andoche Junot, André Masséna, Louis-Gabriel Suchet ou Claude-Victor Perrin. Il est récompensé de ses hauts-faits par le grade de général de brigade.
De la chute de Robespierre au « Général Vendémiaire »
La chute de Maximilen Robespierre lui vaut en août 1794 une courte captivité au Fort Carré d'Antibes et la suspension de ses fonctions alors qu'il commande depuis mars l'artillerie de l'armée d'Italie et qu'il vient d'en rédiger le plan de campagne.
Au printemps 1795, à Marseille, Napoléon se fiance avec Désirée Clary, fille d'un riche fabricant de soie. C'est l'une des rares occasions où Joseph Bonaparte, lui-même époux de la soeur aînée de Désirée, montre la voie à son cadet. Plus tard, Napoléon refuse sa nomination comme général d'infanterie à l'armée de l'Ouest, intègre pour quelques semaines le bureau topographique du Comité de Salut public, propose de se rendre en Turquie pour y organiser l'armée... avant de voir son nom rayé de la liste des généraux employés.
En octobre 1795, Paul-François de Barras, général en chef de l'armée de l'Intérieur, lui confie le commandement des forces destinées à réprimer l'insurrection des sections royalistes à Paris ; secondé par Guillaume Marie-Anne Brune et Joachim Murat, Bonaparte vient à bout le 13 vendémiaire de quelques 25 000 insurgés. Cela lui vaut, outre le surnom de « Général Vendémiaire », le grade de général de division et le commandement en chef de l'armée de l'Intérieur.
Crédit photos
Photos par Lionel A. Bouchon.Photos par Marie-Albe Grau.
Photos par Floriane Grau.
Photos par Michèle Grau-Ghelardi.
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