La nouvelle constitution sur laquelle se penche la Convention durant l'été 1795 promet de satisfaire presque en tout point les attentes des royalistes constitutionnels, les « monarchiens ». Le régime qui se dessine est censitaire, non parlementaire, avec un pouvoir exécutif confié à un Directoire de cinq membres. Remplacer ce collège par un roi suffirait pour en faire une monarchie consitutionnelle. Or, ce changement peut être envisagé s'ils obtiennent la majorité dans les deux chambres créées par la nouvelle constitution : celle des Cinq-Cents et celle des Anciens, ce qui n'est pas un espoir insensé dans l'état présent de l'opinion.
La situation
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Mais la majorité de la Convention ne veut pas d'une restauration monarchique. Les régicides, en particulier, en ont tout à craindre. Elle vote donc, le 4 fructidor an III, un décret par lequel les deux tiers des futurs députés devront être d'anciens conventionnels.
Soumis au vote des électeurs en même temps que la nouvelle Constitution, le décret est adopté par 167 758 oui contre 95 373 non, malgré les consignes données par les monarchiens qui prescrivent de le rejetter tout en acceptant le nouveau texte constitutionnel (qui est ratifié par 914 853 contre 41 892).
Convaincus que le vote a été truqué, les monarchiens se décident à tenter un coup de force pour le faire annuler. Mais alors que les sections royalistes (au premier rang desquelles la section Le Peletier) se réunissent le 11 vendémiaire sans grand enthousiasme, la Convention, elle, réagit avec énergie : elle se déclare en permanence, se dote d'une commission extraordinaire de cinq membres, parmi lesquels Paul Barras, et recrute pour se défendre des officiers sans emploi, les choisissant parmi ceux connus pour leurs convictions républicaines, parfois même terroristes.
Le 12 vendémiaire, la commission des cinq fait marcher le général Jacques de Menou de Boussay contre les sections royalistes. La mollesse de son action lui vaut une révocation immédiate, et la commission se tourne vers un autre général, sans emploi mais bien connu de Barras depuis le siège de Toulon : Napoléon Bonaparte.
Le rôle de Napoléon Bonaparte
Dans la nuit du 12 au 13 vendémiaire, les sections royalistes s'arment et se radicalisent. Ce sont maintenant les royalistes absolutistes qui dirigent le mouvement. Le coup d'État est prévu pour le lendemain.
Les royalistes, disposant de 25 000 hommes, ont une supériorité numérique écrasante sur Bonaparte qui n'en a que 5 000 à 6 000. Mais ses dispositions sont prises. Il s'est adjoint Joachim Murat, qu'il a envoyé chercher des canons au camp des Sablons. Maintenant, toutes les rues qui mènent à la Convention sont sous leur feu.
Le 13 vendémiaire, vers quinze heures, les sections royalistes investissent la Convention. Barras donne l'ordre de tirer et Bonaparte fait ouvrir le feu ; la mitraille dure trois quarts d'heure ; 300 royalistes sont tués, en particulier sur le parvis de l'Eglise Saint-Roch , rue Saint-Honoré ; le reste s'enfuit. La République et la Convention sont sauvées.
Conséquences
La répression sera légère, selon les critères du temps. Seules dix condamnations à mort seront prononçées dans les jours qui suivront.
Napoléon Bonaparte, lui, y gagne sa promotion au grade de général de division et le commandement en chef de l'armée de l'Intérieur.