Campagne d'Autriche
Les Autrichiens sont entrés en guerre sans déclaration, pensant pouvoir tirer profit des déboires français en Espagne.Un géant de l'histoire de France
L'histoire de France aura rarement été aussi tourmentée qu'au temps de Napoléon. D'Ajaccio à Sainte-Hélène, un demi-siècle s'est écoulé ; moins d'un quart, du siège de Toulon en décembre 1793 à Waterloo en juin 1815 – de l'entrée du capitaine Napoleone Buonaparte dans l'Histoire à la défaite finale de l'Empereur Napoléon 1er le Grand. Entre-temps, que d'événéments ! que de bouleversements sur un théâtre qui va de Madrid à Berlin, du Caire à Moscou ! De 1799 à 1814, la main de Napoléon rectifie presque chaque année la carte de l'Europe, distribue les couronnes, des plus anciennes comme celle d'Espagne aux plus éphémères comme celle de Westphalie. En 1807, l'Empereur des Français entre à Berlin en vainqueur, humilie la Prusse et traite d'égal à égal avec le Tsar Alexandre Ier. En 1808, Madrid tombe ; en 1809, Vienne. En 1810, l'Empereur d'Autriche François Ier lui donne sa fille Marie-Louise.
Mais cette vitalité finit par épuiser les instruments qui ont fait d'un petit sous-lieutenant corse l'Empereur des Français : la France d'abord, l'armée ensuite et surtout ses chefs – ces maréchaux d'Empire qui lui doivent tout – se lassent du rythme effréné que Napoléon leur impose, des sacrifices qu'il exige, des revers surtout qui s'accumulent depuis la désastreuse campagne de Russie en 1812. Par deux fois, comme s'il lui fallait toujours dépasser la mesure commune, le vainqueur d'Austerlitz et de quarante autres batailles devra abdiquer, non sans avoir donné, comme le note Chateaubriand, l'ultime et fabuleux spectacle de « l'invasion d'un pays par un seul homme ». L'histoire alors pourra retrouver un cours plus paisible.
Napoléon, lui, exilé par les Anglais sur l'île de Sainte-Hélène, disposera encore de six années pour écrire sa légende. Puis viendra le tour des mémorialistes, qu'ils tournent leurs regards vers eux-mêmes ou vers le grand homme. Suivront les historiens qui devront trier dans le fabuleux gisement documentaire accumulé par les précédents. Tous, bien sûr, n'en tireront pas les mêmes conclusions. Légende noire et légende dorée s'affonteront et s'affrontent encore, dans une bataille qui semble ne jamais devoir connaître de vainqueur mais dont la durée, et parfois l'aprêté, donne la mesure du personnage qui se tient au centre de toute cette littérature.