Date et lieu
- 30 octobre 1813 à Hanau, en Hesse (Allemagne), à 25 km à l’est de Francfort-sur-le-Main.
Forces en présence
- Armée française (20 000 hommes) sous le commandement de l’Empereur Napoléon 1er.
- Armée autrichienne et bavaroise (43 000 hommes) commandée par le feld-maréchal Karl Philipp Fürst von Wrede.
Pertes
- Armée française : 2 à 3 000 tués et blessés
- Armée autrichienne et bavaroise : 5 000 tués et blessés, presque 5 000 prisonniers
Panoramique aérien du champ de bataille de Hanau
La bataille de Hanau oppose l’armée française qui bat en retraite vers le Rhin, à l'issue de la campagne de Saxe, à une armée austro-bavaroise lui bloquant le passage.
Situation générale
Après sa défaite à Leipzig, le 19 octobre 1813, Napoléon a décidé d’évacuer l’Allemagne afin de reconstituer ses forces derrière le Rhin . Sa route, la plus directe possible, l’a mené de Leipzig à Erfurt puis Gotha et passe maintenant par Francfort [Frankfurt am Main].
Mais une armée austro-bavaroise de 43 000 hommes, commandée par le feld-maréchal Karl Philipp von Wrede , l’a devancé à Hanau, ville d'environ 15 000 habitants située à 25 kilomètres à l’est de Francfort, et barre son chemin.
Les troupes de von Wrede se composent d’un corps autrichien et d’un corps bavarois :
- Le premier, de 24 000 hommes environ et 60 canons, est sous le commandement du feld-maréchal lieutenant le baron Fresnel (Ferdinand Peter Hennequin de Fresnel und Curel) . Il comprend trois divisions, respectivement aux ordres des généraux Bach, Leopold von Trautenberg (ou Trauttenberg) et Ignaz Pankraz Galeaz Spleny de Miháldy , la dernière regroupant la cavalerie et l’artillerie de réserve.
- Le second corps, qui compte à peu près 18 000 soldats, est dirigé par von Wrede en personne. Il réunit deux divisions, sous les généraux Karl August von Beckers zu Westerstetten et Peter de La Motte et une réserve de trois brigades de cavalerie, dont les chefs sont les généraux Anton Franz von Vieregg , Franz Valentin von Elbracht et Karl Philipp von Diez (parfois orthographié Dietz) .
Napoléon dispose de 20 000 hommes environ. Ils appartiennent :
- au IIe corps d’armée du maréchal Victor (Claude Victor Perrin), duc de Bellune
- aux Ve et XIe corps commandés conjointement par le maréchal Etienne Macdonald, duc de Tarente
- au IIe corps de cavalerie du général Horace François Bastien Sébastiani de la Porta
- à la garde impériale : 1re et 2e divisions d’infanterie de la vieille garde respectivement sous Louis Friant et Philibert Jean-Baptiste François Curial , artillerie dirigée par Antoine Drouot , cavalerie conduite par Etienne Marie Antoine Champion de Nansouty .
Le reste de l’armée est respectivement à un jour de marche pour le maréchal Auguste Louis Viesse de Marmont, duc de Raguse, à la tête des IIIe et VIe corps et de la division Pierre François Joseph Durutte , deux jours pour le IVe corps de Henri-Gatien Bertrand et la division d'Armand Charles Guilleminot , plus loin encore pour le Ier corps qui forme l’arrière-garde.
Si le nombre des unités est respectable, il faut toutefois noter que les effectifs des régiments composant celles-ci, la garde mise à part, sont faméliques.
Préliminaires
Arrivé à Hanau le 29 octobre 1813 vers midi, von Wrede s’établit dans la ville et derrière celle-ci. Les dispositions qu’il prend seront ensuite critiquées par les analystes militaires.
Tout d'abord, l’infanterie s’appuie sur une rivière, la Kinzig , franchissable par l'unique pont de Lamboy [50.13291, 8.95437] [n'existe plus de nos jours] :
Par ailleurs, la cavalerie n’est pas masquée et les troupes sont trop dispersées. On peut cependant considérer que cet agencement correspond aux objectifs poursuivis, purement défensifs. En outre, von Wrede croit n’avoir affaire qu’à une fraction des forces françaises et il pense celles-ci plus désorganisées qu’elles ne sont. Toujours est-il qu’une partie de ses effectifs occupe la ville tandis que le reste la couvre de l’est au nord.
Sa droite, constituée de la brigade Elbracht et de la division Trautenberg, se trouve à l’est, sur la rive sud (gauche) de la Kinzig , un sous-affluent du Rhin qui se jette dans le Main au sud-ouest de Hanau. Cette aile droite se relie au reste de l’armée par l’intermédiaire de la division Beckers, positionnée à cheval sur la rivière, de chaque côté du pont.
Derrière elle se tient le régiment Jordis de l’infanterie autrichienne ; devant, le régiment de hussards Szekler et de nombreux tirailleurs, placés en pointe dans la forêt de Lamboy , sur la rive droite (nord) de la Kinzig.
Le centre s’étend entre ce pont et la grande route de Gelnhausen à Francfort, sur laquelle s’appuie la division de Lamotte, organisée en deux lignes, la première tenue par la brigade d'Eduard Anton Dioniß Janson von der Stock, la seconde par celle de Franz Xaver Ferdinand von Deroy. Sur cette route, principale voie de retraite des Français, est également installée une batterie de soixante canons :
Ces pièces d'artillerie couvrent la gauche, constituée de la presque totalité de la cavalerie, qui se tient au-delà de la chaussée sur trois lignes.
Plus au nord, les cosaques d'Alexandre Ivanovitch Czernischew (Александр Иванович Чернышёв) et de Vasily Vasilievitch Orlov-Denisov (Василий Васильевич Орлов-Денисов) surveillent la route de Friedberg . Un corps de réserve est posté sur la rive gauche de la rivière, non loin de la ville et sous sa protection.
La cité elle-même est défendue par la brigade de grenadiers autrichiens commandée par Karl von Diemar.
De grands bois s’étendent en avant et sur les flancs de ces différentes unités. Les 34 canons disponibles en dehors de ceux constituant la batterie citée plus haut sont dispersés sur le champ de bataille.
De son côté, Napoléon passe la nuit du 29 au 30 octobre 1813 au château de Langenselbold du prince Carl Friedrich d’Isenburg-Birstein [50.17407, 9.03791], entre Gelnhausen et Hanau. Constatant que von Wrede s’est installé pour l’intercepter, il met en sûreté ses bagages en les envoyant vers le nord sous la protection du corps commandé par Jean-Thomas Arrighi de Casanova, duc de Padoue puis établit son plan de bataille :
- L’infanterie chassera les tirailleurs ennemis de la forêt de Lamboy avant que la cavalerie n’enveloppe l’aile gauche des Austro-Bavarois afin de les repousser sur la rive gauche de la Kinzig, ce qui libérera la route de Francfort.
- Les troupes prendront les positions suivantes : Victor à gauche prenant appui sur la Kinzig, Macdonald au centre, la vieille garde à droite (au nord) de Macdonald et la cavalerie de Nansouty à l’extrême droite.
- La division de Charles Lefebvre-Desnouettes, détachée loin au nord, constitue la pointe la plus avancée du dispositif.
Le front mesure au total 1500 mètres de long.
La bataille
Le 30 octobre au matin, vers 7 ou 8 heures, Napoléon ordonne l’attaque. Le temps presse en effet s’il ne veut pas laisser les troupes alliées qui le poursuivent l’approcher de trop près.
La division Lefebvre-Desnouettes et les dragons du général Edouard Jean-Baptiste Milhaud marchent sur Hanau par Issigheim et Bruchköbel . Au cours de leur avancée, ils chargent à plusieurs reprises les cosaques de Czernishev qui se trouvent dans les parages.
Victor et son corps d’armée remontent la rivière Kinzig.
Mais surtout, à la tête de 3 000 tirailleurs, Macdonald et le général Henri François Marie Charpentier entrent dans la forêt de Lamboy et délogent les six bataillons bavarois installés en avant-garde à Rückingen.
Rejoints par les 2 000 hommes du Jean-Louis Dubreton avec Victor à leur tête, ils profitent des épaisses forêts locales pour approcher au plus près la position alliée et font peu à peu reculer leurs homologues bavarois de la division Lamotte et du régiment Szekler.
Sébastiani appuie l’avancée des fantassins par plusieurs charges de cavalerie. À l’inverse, une attaque des cuirassiers français sur la grande batterie échoue.
Aux alentours de midi, les Français arrivent à l’orée de la forêt que leurs adversaires ont abandonnée pour rejoindre leur ligne.
Se retrouvant face au gros de l’armée austro-bavaroise, les tirailleurs français ne peuvent résister à l’intensité des feux de mousqueterie et d’artillerie qui les accueillent. Pendant plusieurs heures, l’affrontement fait rage entre les divisions Lamotte et Charpentier d’une part, Becker et Dubreton de l’autre. Les pertes sont importantes. Mais chaque tentative française de sortir du bois est brisée par la canonnade austro-bavaroise.
Vers 15 heures, Napoléon s’approche en personne des premières lignes sans tenir compte des instances du général Drouot. Malgré un déluge de balles et de boulets, il entend bien examiner par lui-même les dispositions de l’ennemi qui pour l’heure tiennent ses troupes en échec en les empêchant de déboucher en terrain découvert.
Drouot, si l’on en croit le général Jean-Jacques Germain Pelet-Clozeau , expose alors à l'Empereur le plan qu’il a conçu pour réduire au silence l’artillerie austro-bavaroise. Il a en effet repéré un chemin d’exploitation forestière , invisible depuis l’extérieur du bois, à droite de la route de Gelnhausen.
Il estime pouvoir y faire passer cinquante canons qui, avec le soutien de deux bataillons de la vieille garde, seront ensuite à même de débloquer la situation. Leur position permettra en effet de déverser un feu nourri sur la batterie ennemie, prise en écharpe, tout en échappant pour l’essentiel à sa riposte. Von Wrede se trouvera alors incapable de continuer à tenir la plaine.
L’Empereur donne son approbation à cette combinaison et l’inclut dans une nouvelle manoeuvre plus large. Les ordres sont les suivants :
- Les cavaliers de la garde se rangeront par pelotons sur la route en vue de déboucher dans la plaine à l’instant le plus opportun pour balayer la cavalerie et le centre ennemis ;
- L’infanterie de la Garde se tiendra en colonnes à la lisière de la forêt, prête à intervenir là où le besoin s’en fera sentir ;
- Lefebvre-Desnouettes surveillera l’extrême gauche adverse pour éviter qu’elle ne déborde le flanc droit français ;
- Victor et Macdonald bloqueront toute initiative ennemie sur le centre et l’aile gauche française.
Peu à peu, l’artillerie de Drouot se déploie comme prévu et ses cinquante pièces s’installent de chaque côté de la route de Gelnhausen, à l’orée du bois. Pendant plus d’une heure, les batteries françaises et austro-bavaroises s’affrontent, jusqu’à ce que cette dernière vienne à manquer de munitions. Elle se retire alors à travers la cavalerie qui la soutient.
Celle-ci, afin de dissimuler ce mouvement, monte à l’assaut de la batterie française. 7 000 cavaliers sur une ligne large de 400 mètres, fondent sur l’artillerie de la garde. Après une charge de 800 mètres, arrivés à cinquante pas de ces soldats d’élite imperturbables, ils essuient une volée de mitraille dévastatrice. Malgré l’hécatombe, quelques uns parviennent à s’infiltrer entre les canons français.
Pour les repousser, les chasseurs à cheval de la garde doivent venir à la rescousse des artilleurs. Nansouty et Sébastiani chargent à leur tour avec la division de cuirassiers du général Antoine Louis Decrest de Saint-Germain, les dragons de l’Impératrice et les grenadiers à cheval du général Frédéric Henri Walther .
La cavalerie austro-bavaroise recule derrière la route de Friedberg et s’y rallie, à l’abri des cosaques de Czernitcheff. Nansouty et Sébastiani, eux, poursuivent leur progression en direction des fantassins adverses qui souffrent énormément.
Drouot, pour sa part, profite des circonstances pour faire avancer ses canons de 400 mètres et tirer à mitraille sur les troupes qui lui font face. Une tentative de retour de la cavalerie austro-bavaroise est derechef annihilée par celle de la garde.
La situation ne laisse plus d’autre choix à von Wrede que de sonner la retraite. Il décide donc de replier ses forces derrière la Kinzig et de tout faire pour ne pas céder la ville de Hanau afin de continuer à menacer la route de Francfort.
Pour permettre ce mouvement, les divisions Beckers et Bach avancent sur les tirailleurs de Macdonald et Victor. Ceux-ci fléchissent sous l’impact, mais deux bataillons d’infanterie de la vieille garde envoyés par Napoléon sous le commandement de Friant rétablissent la situation et arrêtent l’ennemi près du village de Neuhoff [dont il ne subsiste rien, c'est de nos jours une banlieue de Hanau].
Pendant ce temps, le reste des Austro-Bavarois poursuit sa retraite. L’aile gauche traverse Hanau en entrant par le pont sur la Kinzig à l’ouest de la ville . Le centre et la partie de l’aile droite qui se trouve au nord de la rivière s’efforcent de passer le pont de Lamboy sous la protection de leur cavalerie. L’étroitesse de l’ouvrage ralentissant l’écoulement des fuyards, nombre d’entre eux tentent leur chance à gué ou à la nage. Beaucoup y laissent la vie.
En outre, ce repli se faisant au contact des Français, des centaines de fantassins austro-bavarois, ne pouvant utiliser ni le pont de Hanau ni celui de Lamboy, essaient de franchir la rivière à l’écluse du moulin de Herrnmühle [50.13893, 8.92424]. La passerelle qui s’y trouve est, là aussi, rapidement engorgée. Beaucoup de ceux qui prennent le parti de traverser le cours d’eau par leurs propres moyens perdent pied face au fort courant et se noient, bien que les meuniers aient levé les vannes pour abaisser le niveau :
Le terrain est désormais dégagé sur la rive droite de la Kinzig. Quelques Français tentent de franchir le pont de Lamboy, mais sont accueillis par le feu d’une batterie et y renoncent. Les combats cessent sur ce point. Il est environ 18 heures. La retraite a coûté très cher à Wrede. Le régiment autrichien Jordis, par exemple, est à peu près anéanti.
Les Français contrôlent la rive droite de la Kingzig, la route de Francfort par l’intermédiaire d’Exelmans et celle de Friedberg par Lefebvre-Desnouettes. Napoléon installe son bivouac sur la bordure ouest de la forêt de Lamboy . Il ne tente pas de poursuivre de von Wrede : la voie de la retraite est désormais libre et c’est ce qui importe pour les Français. L’armée austro-bavaroise se regroupe près du village de Lehrhof [ce village n'existe plus en tant que tel] tout en continuant à tenir la ville d’Hanau et à surveiller le pont de Lamboy par la brigade Klenau.
Dans la soirée, Marmont et les restes des IIIe et VIe corps arrivent. Napoléon les charge de s’emparer de la ville de Hanau afin de lever la menace que la présence de la brigade autrichienne Diemar continue d’y faire peser sur sa ligne de retraite.
Vers deux heures du matin le 31 octobre 1813, Marmont ordonne de canonner la ville et charge la brigade Charrière d’y donner l’assaut. C’est un échec. Marmont se contente alors du bombardement. L’incendie qu’il provoque décide la brigade Diemar à se retirer. Elle quitte la cité par la porte de Nuremberg [Nürnberger Tor, aujourd'hui disparue], au sud de la ville, pour rallier le reste des troupes alliées vers Lehrhof. Les débris du VIe corps de Marmont et du IVe de Bertrand occupent Hanau plus tard dans la matinée.
Dans la journée même (ou le lendemain selon d’autres sources), von Wrede tente sans succès de leur reprendre la ville et reçoit à cette occasion une grave blessure au bas-ventre.
Bilan
L’armée coalisée déplore la perte de près de 5 000 hommes, tués et blessés confondus, auxquels s’ajoutent presque autant de prisonniers.
Les Français n’ont perdu que 2 à 3 000 hommes durant la bataille, mais près de 10 000 de leurs traînards sont tombés aux mains de l’ennemi entre le 28 et le 31 octobre.
Conséquences
Bien que les Alliés aient réussi à couper sa ligne de retraite, sa nette victoire permet à Napoléon de poursuivre sa route après avoir été à peine gêné dans sa marche. Dès le 31 octobre, il est à Francfort, soit à 35 kilomètres de Mayence [Mainz], qui constitue la base arrière française et où il entrera le 2 novembre suivant après avoir traversé le Rhin.
Pour les alliés, l’échec est patent : ils n’ont pas réussi à intercepter la retraite de Napoléon. Cependant, du point de vue strictement bavarois, la défaite est un moindre mal. L’important pour le royaume a été de manifester militairement sa toute récente bascule dans le camp allié, qui ne date que du 8 octobre précédent et à laquelle von Wrede semble avoir pris une part prépondérante.
Carte de la bataille de Hanau
Tableau - « Schlacht bei Hanau ». Peint en 1814 par Wilhelm von Kobell.
Après avoir examiné les dispositions prises par von Wrede à Hanau, Napoléon aurait déclaré : Pauvre von Wrede, j’ai pu le faire comte, je n’ai pas pu le faire général
. Von Wrede avait en effet reçu le titre de comte de l’Empire après la bataille de Wagram. Il y avait participé dans les rangs de l’armée du royaume de Bavière, allié de la France du 28 septembre 1805 au 8 octobre 1813.
La 7e symphonie de Ludwig van Beethoven fut créée le 8 décembre 1813 lors d’un concert de charité au profit des soldats autrichiens blessés à la bataille de Hanau.
Témoignages
[...]
Notre armée a opéré tranquillement son mouvement sur le Mein. Arrivée le 29 à Gelnhausen, on aperçut un corps ennemi de 5 à 6 000 hommes, cavalerie, infanterie et artillerie, qu’on sut par les prisonniers être l’avant-garde de l’armée autrichienne et bavaroise. Cette avant-garde fut poussée et obligée de se retirer. On rétablit promptement le pont que l’ennemi avait coupé. On apprit aussi par les prisonniers que l’armée autrichienne et bavaroise, annoncée forte de 60 à 70 000 hommes, venant de Braunau, était arrivée à Hanau, et prétendait barrer le chemin à l’armée française.
Le 29 au soir, les tirailleurs de l’avant-garde ennemie furent poussés au-delà du village de Langensebolde ; et à sept heures du soir, l’Empereur et son quartier général étaient dans ce village au château d’Issenbourg.
Le lendemain 30, à neuf heures du matin, l’Empereur monta à cheval. Le duc de Tarente se porta en avant avec 5 000 tirailleurs, sous les ordres du général Charpentier. La cavalerie du général Sébastiani, la division de la garde, commandée par le général Friant, et la cavalerie de la vieille garde suivirent ; le reste de l’armée était en arrière d’une marche.
L’ennemi avait placé six bataillons au village de Ruchingen, afin de couper toutes les routes qui pouvaient conduire sur le Rhin. Quelques coups de mitraille et une charge de cavalerie firent reculer précipitamment ces bataillons.
Arrivés sur la lisière du bois, à deux lieues de Hanau, les tirailleurs ne tardèrent pas à s’engager. L’ennemi fut acculé dans le bois jusqu’au point de jonction de la vieille et de la nouvelle route. Ne pouvant rien opposer à la supériorité de notre infanterie, il essaya de tirer parti de son grand nombre ; il étendit le feu sur sa droite. Une brigade de 2 000 tirailleurs du 2e corps, commandée par le général Dubreton, fut engagée pour le contenir, et le général Sébastiani fit exécuter avec succès, dans l’éclaircie du bois, plusieurs charges sur les tirailleurs ennemis. Nos 5 000 tirailleurs continrent ainsi toute l’armée ennemie, en gagnant insensiblement du temps, jusqu’à trois heures de l’après-midi.
L’artillerie étant arrivée, l’Empereur ordonna au général Curial de se porter au pas de charge sur l’ennemi avec deux bataillons de chasseurs de la vieille garde, et de le culbuter au-delà du débouché ; au général Drouot de déboucher sur-le-champ avec 50 pièces de canon ; au général Nansouty, avec tout le corps du général Sébastiani et la cavalerie de la vieille garde, de charger vigoureusement l’ennemi dans la plaine.
Toutes ces dispositions furent exécutées exactement.
Le général Curial culbuta plusieurs bataillons ennemis. Au seul aspect de la vieille garde, les Autrichiens et les Bavarois fuirent épouvantés.
Quinze pièces de canon, et successivement jusqu’à cinquante, furent placées en batterie avec l’activité et l’intrépide sang-froid qui distinguent le général Drouot. Le général Nansouty se porta sur la droite de ces batteries et fit charger 10 000 hommes de cavalerie ennemie par le général Levêque, major de la vieille garde, par la division de cuirassiers Saint-Germain, et successivement par les grenadiers et les dragons de la cavalerie de la garde. Toutes ces charges eurent le plus heureux résultat. La cavalerie ennemie fut culbutée et sabrée ; plusieurs carrés d’infanterie furent enfoncés ; le régiment autrichien Jordis et les uhlans du prince de Schwarzenberg ont été entièrement détruits. L’ennemi abandonna précipitamment le chemin de Francfort qu’il barrait, et tout le terrain qu’occupait sa gauche. Il se mit en retraite et bientôt après en complète déroute.
Il était cinq heures. Les ennemis firent un effort sur leur droite pour dégager leur gauche et donner le temps à celle-ci de se reployer. Le général Friant envoya deux bataillons de la vieille garde à une ferme située sur le vieux chemin de Hanau. L’ennemi en fut promptement débusqué et sa droite fut obligée de plier et de se mettre en retraite. Avant six heures du soir, il repassa en déroute la petite rivière de la Kintzig.
La victoire fut complète.
L’ennemi, qui prétendait barrer tout le pays, fut obligé d’évacuer le chemin de Francfort et de Hanau.
Nous avons fait 6 000 prisonniers et pris plusieurs drapeaux et plusieurs pièces de canon. L’ennemi a eu 6 généraux tués ou blessés. Sa perte a été d’environ 10 000 hommes tués, blessés ou prisonniers. La nôtre n’est que de 4 à 500 hommes tués ou blessés. Nous n’avons eu d’engagés que 5 000 tirailleurs, 4 bataillons de la vieille garde, et à peu près 80 escadrons de cavalerie et 120 pièces de canon.
À la pointe du jour, le 31, l’ennemi s’est retiré, se dirigeant sur Aschaffenbourg. L’Empereur a continué son mouvement, et à trois heures après-midi, S. M. était à Francfort.
Les drapeaux pris à cette bataille et ceux qui ont été pris aux batailles de Wachau et de Leipsick sont partis pour Paris.
Les cuirassiers, les grenadiers à cheval, les dragons ont fait de brillantes charges. Deux escadrons de gardes d’honneur du 3e régiment, commandés par le major Saluces, se sont spécialement distingués, et font présumer ce qu’on doit attendre de ce corps au printemps prochain, lorsqu’il sera parfaitement organisé et instruit.
Le général d’artillerie de l’armée, Nourrit, et le général Devaux, major d’artillerie de la garde, ont mérité d’être distingués ; le général Letort, major des dragons de la garde, quoique blessé à la bataille de Wachau, a voulu charger à la tête de son régiment, et a eu son cheval tué.
Le 31 au soir, le grand quartier général était Francfort.
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Crédit photos
Photos par Lionel A. Bouchon.Photos par Marie-Albe Grau.
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