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Napoléon & Empire

Bataille de Brienne

Date et lieu

  • 29 janvier 1814 à Brienne-le-Château, commune française du département de l'Aube (dans l'actuelle région Grand-Est).

Forces en présence

  • Armée française (30 000 hommes), sous le commandement de l'Empereur Napoléon 1er. 
  • Armée prussienne et russe (25 000 hommes), sous les ordres du feld-maréchal Gebhard Leberecht von Blücher. 

Pertes

  • Armée française : 3 à 4 000 hommes tués, disparus ou blessés 
  • Armée alliée : 4 000 hommes tués, disparus ou blessés 

Panoramique aérien du champ de bataille de Brienne

Vues panoramiques depuis la grille du château, l'arrière du parc et l'endroit où Napoléon faillit être tué.

La bataille de Brienne est le premier engagement important de la campagne de France. Le général Bluecher y échappe de peu à la capture et Napoléon à la mort. Au total, pourtant, ce combat, qui aurait pu voir basculer le cours de la guerre, restera sans conséquence notable.

Situation générale

Fin janvier 1814, après avoir fait sa jonction avec le généralissime Karl Philipp Fürst zu Schwarzenberg dans les vallées de la Seine et de l'Aube , Gebhard Leberecht von Blücher, poussé par sa fougue habituelle, entame aussitôt sa marche vers Paris .

Les combats

Depuis Brienne , il lance sa tête de colonne au-delà de l'Aube  par le pont  de Lesmont  [48.42801, 4.41168] en direction d'Arcis-sur-Aube  au nord-ouest, et s'apprête à la suivre, sans craindre le risque d'être à nouveau séparé des forces autrichiennes.

Napoléon décide d'en profiter. Il se précipite sur Brienne. Attaqué en tête par les troupes d'Adolphe Mortier qui l'attendent à Troyes , en queue par l'Empereur en personne, coupé du reste des Alliés, Blücher est perdu.

Mais le sort s'en mêle. Un officier d'ordonnance français se laisse prendre avec des dépêches qui révèlent à Blücher le danger qu'il court. Sans perdre un instant, il rappelle sa tête de colonne et se concentre autour de Brienne.

Les corps français, gênés par la nature du terrain, échouent à déboucher simultanément sur le champ du combat. Leurs efforts successifs, mal coordonnés, parviennent à repousser l'ennemi dans Brienne mais, à la tombée de la nuit, la ville est toujours tenue par les Alliés tandis que les Français semblent arrêtés dans la plaine  .

Vue du château de Brienne
Le château de Brienne

Dans le château [48.391527, 4.52062] qui domine la ville, Blücher et son état-major en sont déjà à boire au succès de leur résistance quand Napoléon ordonne de renouveler l'attaque. Le vieux maréchal manque être pris mais s'échappe grâce à l'aide d'un Allemand marié et établi à Brienne, Joseph Dietschin, et revient avec des renforts.

Un combat de nuit  s'engage. La ville est plusieurs fois prise et reprise tandis que le château, occupé par un bataillon français, résiste victorieusement à des assauts répétés. Le combat est, selon des témoins, l'un des plus furieux de la campagne.

Plusieurs généraux sont tués ou gravement blessés. Alexandre Berthier est atteint à la tête par un bois de lance. Napoléon lui-même s'expose :

Endroit où Napoléon a failli être tué par un cosaque
Stèle commémorative à l'endroit où Napoléon a failli être tué par un cosaque

Vers la fin du combat, au nord-est de Brienne sur la route de Juzanvigny [48.40478, 4.54811], Gaspard Gourgaud, son aide de camp, lui sauve la vie en abattant d'un coup de pistolet un cosaque sur le point de transpercer l'Empereur de sa lance (Gourgaud avait déjà rendu ce précieux service à Napoléon en 1812, à Moscou).

Quand le combat cesse enfin, chacun reste l'arme prête jusqu'au petit matin. Ce n'est qu'alors que les Français constatent la retraite de l'ennemi.

Conséquences

Leur succès, cependant, est loin d'avoir l'ampleur espérée. Le corps prussien n'est ni détruit ni coupé du reste de l'armée alliée. Au contraire, repoussé sur la route de Bar-sur-Aube, au sud-est, il marche à sa rencontre.

Bar-sur-Aube: les rives de l'Aube
Bar-sur-Aube: les rives de l'Aube

En outre, les pertes des deux armées ayant été similaires, l'infériorité numérique des Français reste toujours aussi écrasante.

Carte de la bataille de Brienne

Batailles napoléoniennes - Carte de la bataille de Brienne

Tableau - "Bataille de Brienne, le 29 janvier 1814". Peint par Théodore Yung.

Batailles napoléoniennes - Tableau de la bataille de Brienne -

Témoignages

Au point du jour, on reprend le chemin de Brienne ; et le 29, dès huit heures du matin, la cavalerie du général Milhaud rencontre l'ennemi dans les bois de Maizières. On délogeait les hussards prussiens de ce village, lorsque le curé s'en échappe et vient se jeter à la botte de Napoléon, qui retrouve en lui un de ses anciens maîtres de quartier du collège de Brienne. Napoléon le prend aussitôt pour guide ; Roustan le mameluck met pied à terre, et cède son cheval au curé.

A mesure qu'on approche de Brienne, le combat s'engage plus vivement.

Le maréchal Blücher, averti de notre marche, avait réuni ses forces ; quelque diligence que nous eussions faite, il était déjà en communication avec les Autrichiens par Bar-sur-Aube. Il voulait tenir dans la position de Brienne jusqu'à leur arrivée ; et, dans tous les cas, il avait fait ses dispositions pour se ménager une retraite vers eux s'il y était forcé. Il occupait fortement la colline sur laquelle la ville de Brienne est bâtie ; ses troupes d'élite étaient rangées sur les belles terrasses du château qui dominent la ville ; les Russes commandés par le général Alsufief étaient chargés de défendre les rues basses de Brienne.

C'est sur les terrasses du parc que notre attaque la plus vigoureuse se dirige ; le général Château, chef d'état-major, et gendre du duc de Bellune, conduit les troupes. Il enlève la position si vivement que le feld-maréchal Blücher et son état major ont à peine le temps d'en sortir. Sur ces entrefaites, le contre-amiral Baste forçait l'entrée de la ville basse, au pied de la montée du château ; il y reçoit la mort ; ses troupes n'en soutiennent pas moins vigoureusement le combat. En montant la rue du Château, nos tirailleurs se trouvent tête à tête avec un groupe d'officiers prussiens qui descendaient en toute hâte dans la ville ; on fait main-basse sur plusieurs : dans le nombre des prisonniers se trouve le jeune d'Hardemberg, neveu du chancelier de Prusse ; et l'on apprend par lui qu'il vient d'être pris au milieu de l'état-major général prussien, à côté du maréchal Blücher lui-même. Notre vieil ennemi l'a échappé belle ! Ce n'est pas la dernière faveur de ce genre que la fortune lui réserve dans cette campagne.

Le gros de l'armée ennemie sort enfin de Brienne pour se porter sur la route de Bar-sur-Aube, à la rencontre des Autrichiens ; mais l'arrière-garde prussienne, qui reste maîtresse d'une partie de la ville, s'obstine à reprendre le château. Nos troupes s'y défendent avec la même obstination, et la nuit qui survient ne peut mettre fin au combat.

Tandis que cette position nous était ainsi disputée, l'armée française établissait ses bivouacs dans la plaine qui est entre Brienne et les bois de Maizières. Nos convois d'artillerie filaient dans la grande avenue, pour aller prendre les positions qui leur étaient assignées ; et Napoléon, après avoir donné ses derniers ordres, retournait par cette même avenue à son quartier général de Maizières ; il précédait ses aides-de-camp de quelques pas, écoutant le colonel Gourgaud, qui lui rendait compte d'une manœuvre ; les généraux de sa maison suivaient, enveloppés dans leurs manteaux. Le temps était très noir, et, dans la confusion de ce campement de nuit, on ne pouvait guère se reconnaître que de loin en loin, à la lueur de quelques feux. Dans ce moment, une bande de Cosaques, attirée par l'appât du butin et le bruit de nos caissons, se glisse à travers les ombres du camp, et parvient jusqu'à la route. Le général Dejean se sent pressé brusquement, il se retourne, et crie aux Cosaques ! En même temps, il veut plonger son sabre dans la gorge de l'ennemi qu'il croit tenir ; mais celui-ci échappe, et s'élance sur le cavalier en redingote grise qui marche en tête. Corbineau se jette à la traverse ; Gourgaud a fait le même mouvement, et, d'un coup de pistolet à bout portant, il abat le Cosaque aux pieds de Napoléon. L'escorte accourt, on se presse, on sabre quelques Cosaques ; mais le reste de la bande, se voyant reconnu, saute les fossés et disparaît.

Agathon-Jean-François Fain

Manuscrit de 1814, trouvé dans les voitures impériales prises à Waterloo, contenant l'histoire des six derniers mois du règne de Napoléon.

Les opérations de la Campagne de France de 1814  Les opérations de la Campagne de France de 1814

Carte de la Campagne de France de 1814  Afficher la carte de la Campagne de France de 1814

La Campagne de France de 1814 jour après jour  La Campagne de France de 1814 jour après jour

Crédit photos

  Photos par Lionel A. Bouchon.
  Photos par Marie-Albe Grau.
  Photos par Floriane Grau.
  Photos par Michèle Grau-Ghelardi.
  Photos par Didier Grau.
  Photos par des personnes extérieures à l'association Napoléon & Empire.

Crédit vidéo

Les prises de vues sont de Didier Grau, le montage de Lionel A. Bouchon.