Comte de l’Empire
Prononciation :
Antoine Guillaume Rampon naît à Saint-Fortunat-sur-Eyrieux, en Vivarais (futur département de l'Ardèche), le 16 mars 1759. Il est le fils de Jean Antoine Rampon, sergent à la retraite, et de Suzanne Milhot, fille de notaire.
Le jeune Antoine Guillaume suit les traces de son père et s’engage dans l’armée royale, le 14 mai 1775. À la veille de la Révolution française, il quitte l’armée avec le grade de sergent-major.
En janvier 1792, Rampon reprend du service comme sous-lieutenant. Le 5 août suivant il obtient ses galons de lieutenant dans l’armée du Midi. Les réorganisations successives de celle-ci l’envoient finalement, l’année suivante, à l’armée des Pyrénées orientales. En son sein, il participe d’un bout à l’autre à la guerre du Roussillon, qui oppose la France et l’Espagne du 7 mars 1793 au 22 juillet 1795. Les combats lui donnent l’occasion de se mettre en valeur. Rampon est nommé capitaine le 8 septembre 1793, puis adjudant général chef de bataillon provisoire le 5 octobre, chef de brigade provisoire le 14 octobre, adjudant général chef de brigade, toujours provisoire, sur le champ de bataille de Villelongue dels Monts, le 19 novembre de la même année. Sa chance tourne lors des combats qui aboutissent à la prise de Collioure par les Espagnols, en décembre : Rampon, blessé, est capturé. À son retour en France, après la fin des hostilités, il réintègre le grade de chef de brigade, que les autorités lui ont conféré à titre définitif le 1er mai 1794.
Une fois la guerre du Roussillon terminée, Rampon est affecté à l’armée d’Italie, où il prend le commandement de la 21e demi-brigade. Le 11 avril 1796, retranché dans la redoute du Monte Legino avec un seul bataillon de cette dernière, il réalise l’exploit d’arrêter la division du général autrichien Eugène Guillaume de Mercy d’Argenteau [son comportement héroïque sera illustré par le peintre René Théodore Berthon en 1812 ]. Rampon est promu le jour même général de brigade pour ce fait d’armes. Sa résistance opiniâtre va en effet permettre à Napoléon Bonaparte de remporter le lendemain, à Montenotte, la première victoire de sa carrière en tant que général en chef et d’entamer triomphalement la campagne d’Italie. Rampon prend part ensuite aux batailles de Millesimo, Dego, Arcole, Rivoli et La Favorite.
Après un court intermède en Suisse, Rampon accompagne Bonaparte en Égypte en 1798, comme une bonne partie de l’armée d’Italie. Il combat lors de la bataille des Pyramides puis participe à l’expédition de Syrie en 1799. Il y sert en particulier à l'occasion de la prise de Gaza puis de Jaffa , du siège de Saint-Jean d’Acre et de la bataille du Mont-Thabor. Jean-Baptiste Kléber, qui a reçu le commandement de l’armée d’Égypte après le départ de Bonaparte, nomme Rampon général de division en janvier 1800. Ce dernier fait honneur à cette promotion au cours des batailles d’Héliopolis et de Canope (21 mars 1801) puis durant le siège d’Alexandrie par les Anglais (septembre 1801). Après la reddition française signée par le général Jacques François Menou, Rampon rentre en France avec les restes de l’armée. Il y aborde en août 1801.
Le premier Consul ne l’a pas oublié puisqu’il a fait de Rampon un sénateur depuis décembre 1800 et lui confère un sabre d’honneur le 7 juin 1802. Cette faveur s'accompagne toutefois d’une mise à la retraite qu’on peut juger prématurée, le 10 novembre 1802. Le jeune marié (Rampon a épousé le 8 mai précédent une jeune femme de 18 ans, Elisabeth Riffard de Saint-Martin, fille d’un ancien conventionnel) coule de ce fait des jours plutôt paisibles jusqu’en 1813, rythmés par les honneurs qui lui sont conférés. Il devient en effet grand officier de la Légion d’honneur le 14 juin 1804, obtient en 1806 une sénatorerie, celle de Rouen, qui arrondit des revenus déjà confortables, est nommé comte d’Empire en 1808. Ses emplois militaires durant cette période se limitent à divers commandements à l’intérieur des limites du territoire de l’Empire.
Rampon reprend du service actif en novembre 1813, lorsqu’il défend la ville hollandaise de Gorcum [Gorinchem], cela jusqu'en février 1814. A nouveau prisonnier après la capitulation de la place (21 février), il rentre à Paris le 31 mai. Louis XVIII le nomme pair de France le 4 juin et chevalier de Saint-Louis le 27.
Les Cent-Jours voient cependant Rampon rallier Napoléon. L'ex-sénateur entre à la chambre des Pairs le 2 juin 1815 puis participe à la défense de Paris, entre la Seine et Bicêtre, après Waterloo. Ce comportement entraîne évidemment sa disgrâce lors du retour des Bourbons. Il est rayé de la liste des pairs le 24 juillet 1815 mais réintégré le 5 mars 1819, à l'occasion de la première « fournée » de nominations obtenue du roi par Élie Decazes et dont ce ministre a besoin pour faire voter ses réformes libérales.
Rampon meurt à Paris le 2 mars 1842.
Franc-maçonnerie : Initié dans sa province natale à "La Parfaite Union" de Tournon, sans doute en 1807, le général Rampon sera successivement affilié aux loges "L'Impériale des Francs Chevaliers" (Paris) en 1808, "Saint-Louis des Amis Réunis" (Calais) la même année, "Sainte-Caroline" (Paris) en 1809, "Les Vrais Amis" (Gand) entre 1810 et 1813, "La Parfaite Union" (Douai) en 1812, "Saint-Napoléon" (Paris) en 1812 dont il sera vénérable, "Saint-Frédérick des Amis Choisis" (Boulogne) également en 1812, et "Le Faisceau" (Toulouse) en 1814. Son engagement maçonnique connaîtra son point culminant sous la Monarchie de Juillet, entre 1833 et 1835, lorsqu'il sera Grand conservateur du Grand Orient de France.
Le général Rampon vers 1801 ou 1802. Peinture d'époque.
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"Antoine Guillaume Rampon, comte de l'Empire". Gravure du XIXème siècle.