N & E
Napoléon & Empire

1798. Bonaparte en Egypte

Janvier 1798

4 janvier 1798 ‒ À Paris , Napoléon Bonaparte est reçu à l'Institut en séance publique.

12 janvier 1798 ‒ Il expose au Directoire un plan d'invasion de l'Angleterre.

21 janvier 1798 ‒ Il assiste, en tant que membre de l'Institut, à la commémoration de l'exécution de Louis XVI, en la ci-devant église de Saint-Sulpice .

Février 1798

5 février 1798 ‒ Le Corps législatif offre à Napoléon Bonaparte un drapeau en souvenir d'Arcole ; il le donne à Jean Lannes.

8 février 1798 ‒ Départ de Bonaparte pour les côtes de la Manche ; il doit effectuer une tournée d'inspection de Calais à Ostende [Oostende].

14 février 1798 ‒ Un rapport sur la question d'Égypte est lu par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord au Directoire.

15 février 1798 ‒ L'armée française commandée par Louis-Alexandre Berthier entre dans Rome [Roma] .

20 février 1798 ‒ Bonaparte est de retour à Paris.

23 février 1798 ‒ Son rapport repousse l'idée d'une descente en Angleterre ; il conseille au Directoire de conclure la paix avec celle-ci.

Mars 1798

5 mars 1798 ‒ Le Directoire approuve le principe d'une conquête de l'Égypte, sous la direction du général Napoléon Bonaparte.

Avril 1798

12 avril 1798 ‒ Par arrêté directorial, il est décidé de former une armée qui prendra le nom d'armée d'Orient et dont le citoyen Bonaparte sera général en chef.

Mai 1798

4 mai 1798 ‒ Départ de Napoléon Bonaparte pour Toulon  afin de superviser en personne les préparatifs de l'expédition en Egypte.

16 mai 1798 ‒ Un conseil de guerre est mis en place sur chaque bâtiment de la flotte.

18 mai 1798 ‒ Publication d'un règlement sur les sanctions qu'encourront les déserteurs.

19 mai 1798 ‒ Appareillage de la flotte française pour l'Egypte : treize vaisseaux de ligne, quarante-deux frégates, bricks et avisos, centre trente transports emportant le corps expéditionnaire de 37 000 hommes.

Juin 1798

10 juin 1798 ‒ Arrêt devant Malte.

12 juin 1798 ‒ Capitulation presque sans résistance de La Valette [Valletta], capitale de l'île.

La Valette, la capitale de Malte
La Valette, capitale de Malte. Photo © Roland David

13 juin 1798 ‒ Fin de la conquête. Tous les forts de Malte sont tombés. Ordre est donné de faire disparaître toutes les armoiries dans les vingt-quatre heures. Les chevaliers de moins de soixante ans sont sommés de quitter Malte sous trois jours. L'or, l'argent, les pierreries propriétés de l'ordre de Malte sont versés à la caisse de l'armée.

14 juin 1798 ‒ Proclamation de la destruction de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ; deux mille esclaves barbaresques retrouvent la liberté.

15 juin 1798 ‒ Bonaparte ordonne au consul de France à Tunis d'informer le bey de la destruction de l'ordre de Malte : Laissez-lui entrevoir que la puissance qui a pris Malte en trois ou quatre jours serait dans le cas de le punir, s'il s'écartait un moment des égards qu'il doit à la République.

17 juin 1798 ‒ Il écrit au Directoire pour lui faire part de la prise de Malte : Nous avons, dans le centre de la Méditerranée, la place la plus forte de l'Europe, et il en coûtera cher à ceux qui nous délogeront.

18 juin 1798 ‒ Bonaparte réorganise l'île avant de la quitter.

30 juin 1798 ‒ Lettre au pacha d'Égypte : La République française s'est décidée à envoyer une puissante armée pour mettre fin aux brigandages des beys d'Égypte. Toi qui devrais être le maître des beys, et que cependant ils tiennent au Caire sans autorité et sans pouvoir, tu dois voir mon arrivée avec plaisir... Viens donc à ma rencontre, et maudis avec moi la race impie des beys.

Juillet 1798

1er juillet 1798 ‒ La flotte arrive devant Alexandrie [الإسكندرية]. Napoléon Bonaparte débarque sur la plage du Marabout au milieu de la nuit.

2 juillet 1798 ‒ Entrée dans Alexandrie à huit heures du matin . Proclamation aux peuples de l'Égypte : Trois fois heureux ceux qui seront avec nous ! Ils prospéreront dans leur fortune et leur rang. Heureux ceux qui seront neutres... Mais malheur, trois fois malheur à ceux qui s'armeront pour les Mameluks et combattront contre nous ! Il n'y aura pas d'espérance pour eux : ils périront.

6 juillet 1798 ‒ Le citoyen Jean-Baptiste-Étienne Poussielgue, administrateur des finances de l'armée d'Égypte, reçoit l'ordre de : réunir aujourd'hui à six heures les vingt plus riches négociants de la ville d'Alexandrie et leur faire connaître que j'ai en caisse pour plusieurs millions de lingots d'or et d'argent, et qu'il est indispensable que d'ici à demain matin ils m'aient fourni pour 300 000 livres de France, en monnaies qui ont cours dans le pays, en échange d'une pareille valeur de lingots d'or et d'argent... Aux directeurs de la douane et des contributions du pays, faire connaître que, vu les besoins pressants de l'armée, il est indispensable que j'aie de suite 150 000 livres, lesquelles seront retenues sur les premières recettes de la douane.

7 juillet 1798 ‒ Bonaparte quitte Alexandrie pour s'avancer à la rencontre des Mamelouks.

13 juillet 1798 ‒ Au matin, première victoire à Chobrakhyt. Le soir, campement au bord du Nil.

Les bords du Nil
Les bords du Nil. Photo © Yves Maillet

21 juillet 1798 ‒ Victoire des Pyramides.

22 juillet 1798 ‒ Bonaparte écrit aux cheiks et notables du Caire, depuis son quartier général, à Gizeh : Envoyez-moi une députation pour faire connaître votre soumission. Faites préparer du pain, de la viande, de la paille et de l'orge pour mon armée, et soyez sans inquiétude, car personne ne désire plus contribuer à votre bonheur que moi.

25 juillet 1798 ‒ Entrée au Caire [القاهرة].

27 juillet 1798 ‒ Lettre de Napoléon Bonaparte au général Jean-Baptiste Kléber, resté à Alexandrie : Nous avons au Caire une très belle Monnaie. Nous aurions besoin de tous les lingots que nous avons laissés à Alexandrie en échange de quelque numéraire que les négociants nous ont donné. Je vous prie donc de faire réunir tous les négociants auxquels ont été remis lesdits lingots, et de les leur redemander. Je leur donnerai en place des blés et du riz, dont nous avons une quantité immense.

30 juillet 1798 ‒ Mécontent de la conduite des habitants d'Alexandrie, Bonaparte ordonne : 1° Tous les habitants de quelque nation qu'ils soient, porteront leurs armes chez le commandant de la place ; 2° Ceux qui ne l'auront pas fait dans un délai de quarante-huit heures, auront la tête tranchée ; 3° La maison de celui qui a assassiné le canonnier français sera démolie ; 4° II sera pris cinquante otages qui seront conduits à bord de l'escadre, où ils seront retenus jusqu'à ce que les habitants d'Alexandrie se conduisent mieux. [...] Il sera levé sur les principaux négociants d'Alexandrie une contribution de 300 000 livres de France. On reprendra de préférence les lingots d'or et d'argent qui ont été donnés. Seid Mohammed el-Koraïm payera une contribution de 300 000 francs. A défaut par lui d'acquitter cette contribution dans le délai de cinq jours, il aura la tête tranchée. [...] Il est indispensable que les négociants de Rosette concourent, comme l'ont fait ceux du Caire, à l'entretien de l'armée. Ils payeront une contribution de 100 000 francs, qui devra être acquittée dans quarante-huit heures. ...] Les négociants de Damiette payeront 150 000 francs et fourniront 1 400 quintaux de riz et 500 moutons. [...] Les négociants de Damas payeront 360 000 talari. Le payeur du quartier général reçoit pour sa part l'ordre suivant : Vous me rendrez compte, toutes les vingt-quatre heures, à huit heures du soir, de ce que vous avez reçu. Vous ne devez donner de l'argent à qui que ce soit sans un ordre de moi.

31 juillet 1798 ‒ Bonaparte décide de désarmer les habitants du Caire. La découverte d'arme à feu, trois jours après la publication de son ordre, sera punie de cent coups de bâton et d'une amende égale au montant des revenus du contrevenant. Il écrit au général Jacques-François de Menou : Tous les jours je fais couper cinq ou six têtes dans les rues du Caire. Nous avons dû ménager les habitants jusqu'à présent pour détruire cette réputation de terreur qui nous précédait : aujourd'hui, au contraire, il faut prendre le ton qui convient pour que ces peuples obéissent ; et obéir, pour eux, c'est craindre.

Août 1798

1er août 1798 ‒ Défaite navale d'Aboukir (Bataille du Nil) ; seuls deux vaisseaux de ligne et deux frégates peuvent échapper.

8 août 1798 ‒ Napoléon Bonaparte quitte le Caire pour se lancer à la poursuite, qui sera infructueuse, d'Ibrahim-bey (إبراهيم بك.

14 août 1798 ‒ La nouvelle du désastre naval d'Aboukir lui parvient sur le chemin du retour.

16 août 1798 ‒ Mariage de Jean-Baptiste Jules Bernadotte et de Désirée Clary, l'ancienne fiancée de Napoléon Bonaparte.

22 août 1798 ‒ Création de l'Institut d'Égypte.

23 août 1798 ‒ Bonaparte assiste à la première séance de l'Institut et lui propose des sujets d'étude.

25 août 1798 ‒ Il ordonne : Les habitants du village d'A'Iqam ayant assassiné seize Français, ce village sera brûlé... Tous les bestiaux, grains qui pourraient s'y trouver, seront embarqués et confisqués au profit de la République... Le village sera livré au pillage, de manière qu'il ne reste aucune maison entière.

27 août 1798 ‒ Il requiert : Les différentes provinces d'Égypte fourniront 2 100 chevaux à titre de présent d'usage.

29 août 1798 ‒ Premier numéro du Courrier de l'Égypte, fondé par Bonaparte au Caire.

Septembre 1798

4 septembre 1798 ‒ Napoléon Bonaparte décide que tous les habitants de l'Égypte porteront la cocarde tricolore ; que toutes les embarcations navigant sur le Nil porteront le pavillon tricolore ainsi que le plus haut minaret du Caire et celui de chacun des chefs-lieux des provinces.

6 septembre 1798 ‒ Seid Mohammed el-Koraïm, convaincu d'avoir trahi la République après lui avoir juré fidélité, est fusillé ; on promène sa tête dans les rues du Caire.

16 septembre 1798 ‒ Les diamants, pièces d'or et étoffes précieuses enlevés aux Égyptiens, sont vendus à l'encan.

22 septembre 1798 ‒ Célébration solennelle de la fête de la fondation de la République française.

25 septembre 1798 ‒ De Bonaparte à l'ordonnateur des finances Poussielgue : Faites verser dans la caisse du payeur, dans la journée d'aujourd'hui, l'argent que vous auriez des morts sans héritiers, des cotons et des cafés, ou de tout autre objet, la caisse se trouvant absolument dépourvue de fonds et l'armée ayant de grands besoins.

26 septembre 1798 ‒ Au général Charles-François-Joseph Dugua  : Désarmez le plus que vous pourrez ; n'écoutez point ce qu'ils [les habitants] pourraient vous dire, que, par le désarmement, vous les exposez aux incursions des Arabes ; tous ces gens-là s'entendent... Faites arrêter tous les hommes suspects. Prenez des otages, exigez que les villages vous remettent leurs fusils.

27 septembre 1798 ‒ Au général Dominique Martin Dupuy, gouverneur du Caire : Faites couper la tête aux deux espions, et faites-la promener dans la ville avec un écriteau.

Octobre 1798

6 octobre 1798 ‒ Napoléon Bonaparte au général Honoré Vial  : Il est temps de mettre de la sévérité dans votre province. Prenez des otages, comme je vous l'ai ordonné, et envoyez-les au Caire.

9 octobre 1798 ‒ A Poussielgue à nouveau : Il est indispensable, citoyen, de faire de l'argent le plus promptement possible, afin de subvenir à la solde de la troisième décade de vendémiaire [du 12 au 21 octobre 1798]... Faites vendre le café, l'encens, la mousseline, les dents d'éléphants qui ont été trouvés dans la maison qu'on a dernièrement inventoriée. Enfin, voyez de presser la rentrée des contributions que l'on doit encore.

21 octobre 1798 ‒ Révolte de la population du Caire  : le général Dupuy est tué ainsi que Joseph Sulkowski, aide de camp du général en chef.

22 octobre 1798 ‒ Bonaparte supprime le grand divan du Caire.

23 octobre 1798 ‒ A Berthier : Vous voudrez bien donner l'ordre au commandant de la place [du Caire] de faire couper le cou à tous les prisonniers qui ont été pris les armes à la main. Ils seront conduits cette nuit aux bords du Nil ; leurs cadavres sans tête seront jetés dans la rivière.

28 octobre 1798 ‒ A Louis Charles Antoine Desaix : Tout est parfaitement tranquille et dans l'ordre. Nous faisons tous les jours couper quelques têtes.

30 octobre 1798 ‒ Bonaparte inaugure au Caire un jardin-concert baptisé Tivoli, en mémoire d'un établissement parisien similaire. Il fait la connaissance de Pauline Fourès, épouse de l'un de ses officiers.

Décembre 1798

18 décembre 1798 ‒ Le mari de Pauline Fourès rentre en France, porteur de dépêches à l'intention du Directoire ; trois mille francs lui sont alloués pour subvenir aux frais de sa mission.

19 décembre 1798 ‒ Les moines du mont Sinaï reçoivent une exemption totale de tous droits et tributs ainsi qu'une liberté complète dans l'exercice de leur culte ; cela, par respect pour Moïse et la nation juive dont la cosmogonie nous retrace les âges les plus reculés et parce que le couvent du mont Sinaï est habité par des hommes instruits et policés, au milieu de la barbarie des déserts.

21 décembre 1798 ‒ Rétablissement du grand Divan du Caire ; cette assemblée consultative comprend neuf notables chargés de collaborer avec l’armée française pour les questions d’administration et de ravitaillement de la ville.

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Crédit photos

  Photos par Lionel A. Bouchon.
  Photos par Didier Grau.
  Photos par Michèle Grau-Ghelardi.
  Photos par Marie-Albe Grau.
  Photos par Floriane Grau.
  Photos par des personnes extérieures à l'association Napoléon & Empire.

Sources

Cette page a comme source principale la chronologie napoléonienne établie par Gérard Walter pour son édition du Mémorial de Sainte-Hélène, publiée dans la Bibliothèque de la Pléiade, des Éditions Gallimard.