Duc de Castiglione
Prononciation :
Né le 21 octobre 1757, rue Mouffetard à Paris, d'un domestique et d'une marchande de quatre-saisons d'origine bavaroise, Charles Pierre François Augereau est élevé dans un quartier populaire de la capitale ‒ le faubourg Saint-Marceau ‒ dont il gardera toute sa vie les manières et le langage.
Il s'engage en 1774 et sert le roi de France pendant trois ans avant de déserter. Commence alors pour lui une période errante. On le retrouve soldat en Prusse ‒ nouvelle désertion ‒ à nouveau en France où il a pu rentrer à la faveur d'une amnistie consécutive à la naissance du dauphin (1783), enfin à Naples . Expulsé par les autorités napolitaines pour une raison mal connue, il arrive à Paris en pleine Révolution et s'engage aussitôt dans un bataillon de volontaires.
D'abord affecté comme adjudant-major à la légion germanique (peut-être pour sa connaissance de l'allemand), capitaine de hussards en juin 1793, il passe ensuite en Vendée comme aide de camp du général Jean-Atoine Rossignol mais y reste très peu de temps avant de rejoindre l'armée des Pyrénées orientales.
C'est alors qu'il commence à manifester l'intrépidité et l'esprit de décision auxquelles il devra de s'élever très haut hors de la foule, selon le mot de Napoléon. Mais il sait aussi séduire ses soldats par sa tournure, ses manières directes, son langage populaire. Très vite, il s'avère un remarquable entraîneur d'hommes, dont les représentants en mission chantent les louanges dans leurs rapports à la Convention. Le 23 décembre 1793, il est général de division.
La paix faite avec l'Espagne, il rejoint l'armée d'Italie (septembre 1795). L'année suivante, Napoléon Bonaparte, dès son arrivée, le nomme commandant de la première division du corps de bataille de l'armée. De ce fait, ses hommes et lui sont appelés à toujours marcher les premiers au combat.
Augereau ne déçoit pas son général en chef. Il s'illustre à Montenotte (12 avril 1796), permet la victoire du lendemain en forçant, le 13 avril, les gorges de Millesimo, combat à Lodi (10 mai), conseille l'offensive avant Castiglione (5 août) alors que tous les autres généraux penchent pour la retraite, prélude au geste spectaculaire de Bonaparte en empoignant le premier un drapeau avant de s'élancer sur le pont d'Arcole (15 novembre 1796). Même la répression féroce à laquelle il se livre contre des villages révoltés lui vaut une entière approbation (Lugo, 6 juillet 1796). Augereau, devenu l'un des favoris de Napoléon Bonaparte, participe à ses conseils où ses avis sont écoutés.
Après la capitulation de Mantoue , il est envoyé à Paris pour apporter au Directoire les soixante drapeaux pris à l'ennemi. Augereau reçoit un accueil de héros. Il est bientôt nommé à la tête de la division de Paris (malgré la lettre de Napoléon Bonaparte demandant qu'on le lui renvoie aussitôt), et assure l'exécution du coup d'état du 18 fructidor an V, mené par trois Directeurs contre les modérés et les royalistes. Le Corps Législatif le proclame alors « Sauveur de la patrie » mais il n'obtient pas le poste de Directeur qu'on lui avait promis. Malgré ses plaintes amères, il doit se contenter de remplacer Lazare Hoche, récemment décédé, au commandement de l'armée de Sambre-et-Meuse. Selon certains, il développe dès lors hostilité et jalousie à l'égard de son ancien chef, favorable au Directoire.
Suite à ses tentatives de sabotage du traité de Campo-Formio (Napoléon Bonaparte l'accuse de fomenter des révoltes en Italie), il est déplacé au commandement de la division militaire de Perpignan (29 janvier 1798). L'année suivante, il se fait élire au conseil des Cinq-Cents par la Haute-Garonne et siège à gauche.
Hostile au coup d'État du 18 brumaire, Augereau ne fait cependant rien pour s'y opposer et, très vite, se rallie à Napoléon Bonaparte. D'abord envoyé en Hollande commander une armée franco-batave, il est rappelé en 1801 et n'est quasiment plus employé jusqu'en 1804. Ses ardeurs républicaines le reprennent alors et il ne faut rien de moins qu'un bâton de Maréchal pour les calmer (19 mai 1804).
Du 30 août 1805 au 14 février 1807, il commande le 7ème corps de la Grande Armée et participe à ce titre à toutes les grandes batailles (sauf Austerlitz), manifestant à nouveau d'impressionnantes capacités d'initiative et de courage. A Eylau, son armée est décimée et lui-même est blessé alors que, malade, il a dû se faire attacher sur son cheval pour participer à la bataille.
De retour en France il est créé duc de Castiglione par Napoléon Ier le 19 mars 1808. Après un an de repos, il retourne au combat, en Catalogne, en juin 1809. Il s'y montre d'une grande férocité dans la répression mais à ses premières victoires succèdent bientôt des défaites. L'Empereur le rappelle et le laisse sans affectation.
Augereau reprend du service pour conduire en Allemagne le 11ème corps de la Grande Armée au début de l'été 1812. A la tête de ce corps de réserve, il ne participe pas à la campagne de Russie mais se bat en Allemagne en 1813, sans grande conviction.
En mars 1814, chargé de la défense de la région lyonnaise, il manifeste dans cette mission une étrange apathie qui le conduit finalement à abandonner Lyon aux alliés presque sans combat. Après la première abdication, il fait arborer la cocarde blanche à ses troupes et publie une proclamation qualifiant Napoléon 1er de tyran.
Ce qui ne l'empêche pas, au retour de l'île d'Elbe, de lancer le 22 mars 1815 un appel à ses soldats pour les exhorter à rejoindre les aigles immortelles (... qui) seules conduisent à l'honneur et à la victoire
. Mais l'Empereur, qui considère sa conduite à Lyon comme une trahison, raye son nom de la liste des maréchaux et ne l'emploie pas.
Louis XVIII, qui l'a fait pair de France et membre du conseil de guerre lors de la première Restauration, préfère l'oublier lors de la seconde. Il ne reste plus à Augereau, après avoir longtemps rêvé de repos, qu'à jouir du fruit de ses brigandages. Pour peu de temps puisqu'il succombe à une hydropisie de poitrine dans son château de la Houssaye (Seine-et-Marne) le 12 juin 1816, moins d'un an après Waterloo. Le duc de Castiglione repose dans une chapelle anonyme au cimetière parisien du Père Lachaise, division 59.
"Le maréchal Augereau, duc de Castiglione" par Johann Ernst Heinsius (Weimar ou Hildburghausen 1740 - Orléans 1812).
Le nom d'Augereau est inscrit sur la 23e colonne (pilier Sud) de l'arc de triomphe de l'Étoile .
Franc-maçonnerie : Le maréchal Augereau, initié à la loge « Les Enfants de Mars » à La Haye lors de son affectation en Hollande (1801), puis membre de la loge parisienne « La Candeur », avant de devenir vénérable d'honneur de la loge régimentaire « Les Amis de la Gloire et des Arts ».
Carrière militaire détaillée
établie par M. Eric Le Maître (voir son site web), mise en ligne avec son aimable autorisation.Blessures au combat
Par une balle au bras à Eylau, le 8 février 1807.Captivité
Aucune.Premier engagement
Comme simple soldat au régiment de Clare Irlandais en 1774.Évolution de carrière
Adjudant-major, le 7 septembre 1792.Capitaine, le 26 juin 1793.
Lieutenant-colonel, le 13 septembre 1793.
Adjudant-général chef de brigade, le 27 septembre 1793.
Général de division, le 23 décembre 1793.
Maréchal de l'Empire, le 19 mai 1804.
États de service
Au régiment de Clare Irlandais, en 1774.Achète son congé, en 1775.
Au régiment des dragons de Damas, puis d'Artois en juin 1775.
Rachète son congé, en mars 1777.
Passe au service de la Prusse à la même époque ; fait campagne contre les Autrichiens puis passe au service de l'Autriche.
Sert dans le régiment de Bourgogne-Cavalerie, 1784-1786.
Envoyé à Naples sous les ordres du baron de Salis pour instruire l'armée napolitaine, en 1786.
Y vit comme maître d'armes, jusqu'en 1787.
Revenu en France, sert dans la garde nationale de Paris, puis dans un bataillon de volontaires, en 1790.
Sert dans la Légion germanique, le 7 septembre 1792.
Au 11e hussards, le 26 juin 1793.
Vaguemestre général de l'armée des Côtes de la Rochelle ; lieutenant-colonel, aide de camp du général Rossignol en Vendée, le 13 septembre 1793.
A l'armée des Pyrénées-Orientales, le 27 septembre 1793.
A l'armée d'Italie, en septembre 1795.
Commandant la 1ère division de l'armée d'Italie, le 27 mars 1796.
Commandant la 2e division de l'armée d'Italie, le 29 avril 1796.
Commandant le Véronais et le territoire de Venise à la place de Kilmaine, le 1er mai 1797.
Reprend le commandement de la 2e division, le 17 mai 1797.
Commandant la 17e division militaire à Paris, le 8 août 1797.
Prend part au coup d'état du 18 Fructidor, 4 septembre 1797.
Général en chef des armées de Sambre-et-Meuse et de Rhin-et-Moselle, le 23 septembre 1797.
Commandant en chef l'armée d'Allemagne, le 7 octobre 1797.
Commandant en chef l'armée du Rhin, le 9 décembre 1797.
Commandant de la 10e division militaire à Perpignan, le 29 janvier 1798.
Elu député de Haute-Garonne au conseil des Cinq-Cents, le 16 avril 1799.
Opposé au 18 Brumaire, il se rallie et obtient le Commandement de l'armée française en Batavie, le 28 décembre 1799.
Commandant de l'armée de Batavie en Allemagne, le 3 juillet 1800.
Commandant de l'armée gallo-batave, le 24 novembre 1800.
Commandant de l'armée de Batavie à La Haye, le 29 avril 1801.
Sans emploi après la suppression de cette armée, le 23 octobre 1801.
Commandant du camp de Bayonne, le 29 août 1803.
Commandant du camp de Brest, en janvier 1804.
A la Grande Armée, campagne de 1805 : Commandant le 7e corps, le 30 août 1805.
Sert en Prusse en 1806 et en Pologne en 1807.
Blessé à Eylau, il doit rentrer en France, le 22 février 1807.
Commandant le 8e corps de l'armée d'Allemagne, le 30 mars 1809.
Commandant le 7e corps de l'armée d'Espagne, le 1er juin 1809.
Commandant en chef l'armée de Catalogne, le 8 février 1810.
Rappelé en France et remplacé par Macdonald, le 24 avril 1810.
Commandant le 11e corps de la Grande Armée, le 4 juillet 1812.
Commandant à Berlin, en janvier 1813.
Gouverneur de Francfort, le 8 avril 1813.
Commandant le corps d'Observation de Mayence, le 3 juin 1813, qui devient le 9e corps de la Grande Armée, le 18 juin 1813.
Puis 16e corps de la Grande Armée à Wurzbourg, en août 1813.
Autorisé à rentrer en France, le 4 novembre 1813.
Commandant en chef de l'armée de Lyon, le 5 janvier 1814.
Abandonne Napoléon et l'injurie dans une proclamation, en avril 1814.
Rallié aux Bourbons, le 16 avril 1814.
Gouverneur de la 19e division militaire à Lyon, le 21 juin 1814.
Gouverneur de la 14e division militaire à Caen, le 26 novembre 1814.
Rallié à Napoléon aux Cent-Jours, mais rayé de la liste des maréchaux, le 10 avril 1815.
Participe toutefois à la cérémonie du Champ de Mai, le 1er juin 1815.
Autres portraits
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"Le maréchal Augereau, duc de Castiglione". Miniature de Jean-Baptiste Isabey (Nancy 1767 - Paris 1855) ornant le plateau de la Table d'Austerlitz (dite également Table des Maréchaux).
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"Le maréchal Augereau". Lithographie exécutée par François-Séraphin Delpech (1778-1825).
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"Le général Augereau au pont d'Arcole, 15 novembre 1796" (détail) par Charles Thévenin (Paris 1764 - Paris 1838).
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"Le maréchal Augereau, duc de Castiglione" par Robert Lefèvre (Bayeux 1755 - Paris 1830).
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"Le maréchal Augereau". Gravure de François-Auguste Trichon (1814-1898).