Comte de l'Empire
Prononciation :
Nicolas-François Mollien naît le 28 février 1758 à Rouen , où son père possède une importante manufacture de passementerie. Dès sa jeunesse, il se montre passionné par l'économie et, à vingt ans, il entre au ministère des Finances. Employé d'abord à la surveillance des fermes générales puis au contrôle général des Finances, il y fait la connaissance d'Antoine Lavoisier, lui-même fermier général, dont le mémoire sur la fiscalité des objets de consommation reçoit son appui. L'adoption des dispositions proposées aboutira à la création des barrières de l'octroi de Paris.
En 1792, Mollien quitte l'administration pour diriger une filature de coton. Peu après, sous la Terreur, arrêté en raison de ses anciennes relations avec les fermiers généraux et emprisonné avec eux, il n'échappe que de justesse à la guillotine, sauvé par le 9 thermidor.
1798 le voit effectuer un séjour en Angleterre, pour s'initier aux mécanismes financiers et monétaires locaux. L'année suivante, Martin Michel Gaudin, son ex-collègue, devenu ministre, lui confie la direction de la Caisse d'amortissement nouvellement créée.
Rapidement apprécié par le Premier consul pour sa compétence et ses connaissances techniques, il devient, à partir de 1801, un de ses interlocuteurs privilégiés, fréquemment consulté sur les questions bancaires et chargé de rédiger chaque jour un rapport sur les événements financiers de la journée et l'état d'esprit des gens de Bourse. La confiance que Napoléon Bonaparte lui témoigne lui vaut bien des jalousies, à commencer par celle de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.
Nommé conseiller d'État en 1804, il remplace François de Barbé-Marbois comme ministre du Trésor en 1806, après une violente crise boursière. Ayant réussi à remettre sur pied des finances compromises, il est créé comte en 1808.
A partir de 1810, Mollien doit faire face aux exigences de plus en plus péremptoires et irréalistes de Napoléon. Évitant les discussions, il y répond, quand les reproches se font trop pressants, en se bornant à fournir les preuves arithmétiques de l'impossibilité d'exécuter les ordres reçus. L'Empereur, tout en faisant grief à son ministre de se refuser aux mesures hardies et aux expédients, n'en cède pas moins à la force des choses dont on vient de lui démontrer, à son grand étonnement, qu'elle peut surpasser les efforts de ses serviteurs. Et Mollien conserve ainsi son poste jusqu'aux dernières heures de l'Empire.
Fidèle jusqu'au bout, il suit Marie-Louise à Blois en 1814 et vit dans la retraite la première Restauration.
Aussitôt arrivé à Paris, le 20 mars 1815, Napoléon le rappelle et lui confie à nouveau le Trésor. Il y rend des services précieux, avant tout par la confiance qu'il inspire aux financiers.
Après Waterloo, nouvelle retraite, jusqu'à ses nominations à la chambre des Pairs et comme président de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts et Consignations, en 1819.
Il meurt à Paris le 20 avril 1850, dernier survivant des ministres de l'Empire, non sans avoir reçu la visite du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte. Il repose au cimetière de Morigny-Champigny, en Essonne .
"Le comte Nicolas-François Mollien" par Robert Jacques François Faust Lefèvre (Bayeux 1755 - Paris 1830).
Quoique ministre du Trésor pendant près de dix ans, il ne cache pas, dans ses Mémoires, avoir désapprouvé le dirigisme économique de Napoléon.