Prononciation :
Charles Victor Emmanuel Leclerc voit le jour le 17 mars 1772 à Pontoise, près de Paris, au foyer d'un marchand de farines.
En 1791 ou 1792, il s'engage au bataillon des volontaires de Seine-et-Oise. Remarqué par ses supérieurs, il est versé l'année suivante dans la cavalerie avec le grade de sous-lieutenant puis, très vite, passe à l'armée d'Italie comme adjoint aux adjudants-généraux. En 1793, à vingt-et-un ans à peine, il est chef d'état-major d'une des divisions chargées d'assiéger Toulon.
C'est là qu'il rencontre Napoléon Bonaparte et tombe sous le charme de Pauline Bonaparte. Elle-même, pour l'heure fort éprise de Stanislas Fréron, un représentant en mission, fait alors peu de cas de cet obscur officier.
En 1796 et 1797, Leclerc sert à l'armée d'Italie où il est d'abord chargé de la correspondance politique du général en chef. S'étant ensuite signalé par sa bravoure à Lonato, Roveredo et Rivoli, il reçoit la mission de transmettre à Paris les préliminaires de la paix de Leoben (avec quelques drapeaux ennemis, dont Bonaparte a toujours ample provision).
A son retour, il est promu général et obtient la main d'une Pauline bien décidée, semble-t-il, à ce que son nouvel état de femme mariée ne change rien à sa vie frivole et dissipée, contrairement aux espoirs entretenus par son frère.
Chef d'état-major de Louis-Alexandre Berthier à l'armée d'Italie après la signature du traité de Campo-Formio, puis chargé des mêmes fonctions à l'armée d'Angleterre (celle destinée en principe à envahir les îles Britanniques), il ne participe pas à la campagne d'Egypte (contrairement à ce que l'on lit quelquefois, la confusion venant sans doute de la présence dans l'expédition du général Pierre Leclerc d'Ostein).
Général de division en août 1799, Charles Victor Emmanuel Leclerc est à Lyon en octobre, occupé à réorganiser l'armée d'Italie battue par les Austro-Russes, quand il décide d'accompagner Joseph et Lucien Bonaparte, en route pour rejoindre leur frère récemment débarqué à Saint-Raphaël.
Lors du coup d'état des 18 et 19 Brumaire an VIII, sa contribution à la réussite de l'opération n'est pas des moindres. Avec son beau-frère Joachim Murat, il dirige, le 19, le détachement de grenadiers qui se charge, à Saint-Cloud, de vider la salle des séances du Corps Législatif.
Sa récompense n'est pourtant pas éclatante : son beau-frère Napoléon Bonaparte, à présent Premier consul, l'envoie d'abord à l'armée de l'Ouest avant de lui donner à commander une division de réserve à l'armée du Rhin, où il a surtout pour mission de surveiller Jean-Victor Moreau. Il prend ensuite la tête du corps expéditionnaire français envoyé soutenir l'Espagne dans sa « guerre des oranges » contre le Portugal mais il n'a pas à intervenir, les hostilités ayant rapidement pris fin.
Son grand commandement, Leclerc le doit peut-être aux instances de sa femme, qui trouve humiliant d'être unie à un obscur militaire
. Napoléon offre au mari de Pauline le commandement de l'expédition de Saint-Domingue, lui laissant entrevoir la possibilité d'y devenir ensuite une sorte de vice-roi. Leclerc accepte et, le 24 octobre 1801, prend la tête d'un corps expéditionnaire de 35 000 hommes, transporté par une flotte de quatre-vingt trois bâtiments, qui débarque au cap Haïtien le 6 février 1802.
La guerre est d'abord un succès. Au bout de quatre mois de lutte, la plupart des chefs de l'insurrection se sont soumis et Leclerc peut passer à la seconde étape de son programme : réorganiser la colonie. Mais la politique suivie ‒ enlèvement puis déportation de Toussaint-Louverture, pillages, exécutions sommaires, rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe ‒ provoque une nouvelle révolte dès le mois d'août. La situation devient alors très vite critique pour Leclerc dont les effectifs fondent du fait des épidémies. Il est contraint de se retirer dans l'île de la Tortue avec son armée décimée, avant d'y mourir à son tour de la fièvre jaune le 1er (ou le 2, selon les sources) novembre 1802.
C'est dans le parc du château de Montgobert , qui était sa propriété depuis 1798, que repose le général Leclerc.
"Le général Charles Victor Emmanuel Leclerc", par par François Joseph Kinson (Bruges 1771 - Bruges 1839).
Pauline, bien qu'elle ait suivi sans enthousiasme l'expédition, à la demande expresse de son mari, se comporta de façon exemplaire durant l'agonie de ce dernier et l'assista jusqu'à son dernier instant. Le 8 novembre suivant, elle s'embarqua pour la France, accompagnée de la dépouille de son époux, dont le coeur avait été placé dans une urne d'or.
Pauline épousera un an plus tard le Prince Camillo Borghese.
Remerciements
Nous exprimons notre gratitude au duc Suchet d'Albufera, propriétaire du domaine de Montgobert, qui nous a facilité la prise de vue du château et nous a, en personne, conduits à la tombe du général Leclerc, située au plus profond du parc.Autres portraits
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"Charles Victor Emmanuel Leclerc (1772-1802)". Gravure du XIXème siècle.