Prononciation :
François-Dominique Toussaint-Louverture naît à Saint-Domingue d'un père et d'une mère esclaves le 20 mai 1743. Mis au travail dès son plus jeune âge, il est d'abord employé comme gardien de bestiaux, puis comme cocher et enfin comme surveillant de plantation. Durant ces années, il reçoit un rudiment d'instruction et obtient la « liberté de savane », un affranchissement à caractère privé, en 1776.
En 1791, il prend part au soulèvement des esclaves contre les colons français en recrutant une compagnie de noirs à la tête de laquelle il combat dans les rangs espagnols (ceux-ci possèdent alors la moitié orientale de l'île). Toussaint est nommé général par les Espagnols et gagne durant cette période son surnom de Louverture.
Après que la Convention a aboli l'esclavage et accordé l'égalité politique aux noirs (mai 1794), il passe au service de la France. Une fois signé le traîté de Bâle (22 juillet 1795), qui donne à la France la pleine possession de l'île tout entière, le Directoire nomme Toussaint-Louverture général de brigade (1795) puis de division (1796) et finalement général chef des troupes stationnées à Saint-Domingue. Durant ces années et jusqu'en 1801, Toussaint obtient d'importants succès militaires, chassant les Anglais et occupant la partie de l'île restée jusque là, malgré les traités, entre les mains des Espagnols.
Toussaint n'en néglige pas pour autant la politique. Après avoir évincé les représentants de la métropole, il massacre les métis (1799-1800), et fait voter, par une assemblée qu'il domine, une constitution autonomiste qui le proclame gouverneur général à vie de Saint-Domingue (8 juillet 1801). La législation qu'il met alors en place rétablit pratiquement l'esclavage en instituant le travail agricole obligatoire sur les plantations. Toussaint cherche en effet à s'appuyer sur les grands colons, ce que lui reprochent amèrement certains de ses lieutenants.
Mais certaines fractions blanches de la population, favorables au rétablissement de l'esclavage, trouvent en Joséphine Bonaparte, qui a des intérêts dans l'île, un porte-parole efficace. Elle sait attiser la colère que ressent son mari contre la Constitution proclamée par Toussaient et, en octobre 1801, le Premier consul nomme son beau-frère, le général Charles Victor Emmanuel Leclerc, à la tête d'un corps expéditionnaire de 20 000 hommes destiné à reprendre le contrôle de Saint-Domingue et à y rétablir l'esclavage.
L'armée de Leclerc débarque sur Saint-Domingue en février 1802. Toussaint-Louverture, concédant le littoral aux assaillants, se retire alors dans l'intérieur de l'île où il mène une guerre de partisans. Mais ses soutiens, lassés de son autoritarisme, se rallient l'un après l'autre à la République et bientôt, il ne reste plus à Louverture qu'à négocier sa propre reddition. Le 7 mai 1802, il signe un accord avec Leclerc. Mais ce dernier, en offant à Toussaint une retraite paisible et en l'assurant que l'esclavage ne sera pas rétabli, se montre parfaitement insincère. Un mois plus tard, le 7 juin, Toussaint est arrêté avec toute sa famille et expédié en France.
Louverture est d'abord interné à la prison du Temple, à Paris, où Caffarelli, un des aides de camp du Premier consul, lui rend plusieurs visites, dans le seul but de lui faire révéler la cachette où il a mis en sûreté ses trésors. Toussaint, ayant gardé le silence, est ensuite envoyé au fort de Joux (25 août 1802). Il y est tenu au secret et subit une captivité très dure qui aboutit à sa mort, d'une pneumonie, le 7 avril 1803.
"Toussaint-Louverture", gravure du XIXème siècle.
Le surnom de Louverture fait référence à la capacité de Toussaint de profiter de toutes les ouvertures dans les défenses de ses ennemis.
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"Toussaint-Louverture", gravure du XIXème siècle.