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Napoléon & Empire

Jean Victor Marie Moreau

Prononciation :

Blason de Jean Victor Marie Moreau (1763-1813)

Jean Victor Marie Moreau naît à Morlaix en Bretagne (aujourd'hui dans le département du Finistère) le 14 février 1763.

Il suit d'abord les traces de son père, avocat, en étudiant le droit à Rennes, mais les événements l'entraînent bientôt dans une toute autre voie.

En 1788, il défend le parlement ; en 1789, il devient capitaine de la compagnie de canonniers de la garde nationale qu'il vient de former à Rennes ; en 1791, il est élu lieutenant-colonel du 1er bataillon de volontaires d'Ille-et-Vilaine.

S'étant distingué sous Charles François Dumouriez à Neerwinden, il est nommé général de brigade le 20 décembre 1793 (deux jours avant Napoléon Bonaparte). Le 12 avril suivant, il devient général de division. Il sert sous Jean-Charles Pichegru à l'armée du Nord, prenant une part importante à la conquête de la Hollande, puis remplace son chef le 3 mars 1795. En mars 1796, il commande l'armée de Rhin-et-Moselle (succédant au général Louis Charles Antoine Desaix) et entre en campagne contre l'archiduc Charles qu'il bat à Ettlingen le 9 juillet. La défaite de Jean-Baptiste Jourdan à Würtzbourg, le 3 septembre, l'oblige à faire retraite alors qu'il a franchi le Rhin et atteint Munich.

Ayant à nouveau passé le Rhin l'année suivante, il est arrêté dans sa marche par les négociations préliminaires de Leoben. C'est durant cette campagne qu'il met la main sur la correspondance d'un émigré, le baron de Klinglin, qui apporte la preuve de la trahison du général Pichegru. Ayant tardé à en faire part au Directoire, Moreau devient suspect et doit quitter son commandement. Il reste ensuite sans emploi pendant un an.

Après avoir assuré l'interim de la direction à l'armée d'Italie en 1799, il rentre à Paris après la bataille de Novi et, le 22 octobre, fait la connaissance de Napoléon Bonaparte.

Bien que la popularité de Moreau au sein de l'armée ait beaucoup pâti de la défaite de Novi, ainsi que de ses atermoiements lors de la découverte des preuves de la trahison de Pichegru, Napoléon Bonaparte, à la veille de son coup d'Etat, ne néglige pas de rallier à sa cause ce glorieux soldat.

Jean Victor Marie Moreau est dédommagé du rôle peu gratifiant qu'on lui confie le 18 brumaire (arrêter et garder à vue deux des Directeurs, dont l'un qu'il considère comme un ami) par une nomination de commandant en chef des armées d'Helvétie et du Rhin. A leur tête, énergiquement secondé par Laurent de Gouvion Saint-Cyr (malgré leurs désaccords) et Claude-Jacques Lecourbe, il traverse à nouveau le Rhin le 25 avril 1800. Munich est tombé entre ses mains quand, suite à la bataille de Marengo (14 juin), un armistice suspend les hostilités. Ses renouvellements successifs valent à Moreau quatre mois d'inactivité, qu'il passe à Paris.

Bien que sa jalousie à l'égard du Premier consul soit déjà patente ‒ le général Charles Victor Emmanuel Leclerc, divisionnaire dans l'armée de Moreau, la signale dans sa correspondance à son beau-frère Bonaparte ‒ ce dernier cherche cependant à s'attacher Moreau en le faisant entrer dans sa famille. Mais la proposition d'une alliance avec Hortense de Beauharnais se heurte à un refus, d'autant plus vexant que Moreau le justifie par des considérations dont il ne fait aucun cas, peu après, en épousant une demoiselle Hulot.

Fin 1800, Moreau reprend le chemin de l'armée et obtient le 3 décembre, en partie grâce au général Antoine Richepanse, la victoire d'Hohenlinden. Après quoi, exploitant ce succès, il poursuit les Autrichiens durant trois semaines et ne s'arrête qu'aux portes de Vienne.

Ce triomphe, bientôt suivi de la signature de la paix de Lunéville (9 février 1801) qui en paraît la conséquence, donne à la popularité de Moreau une ampleur comparable à celle du Premier consul.

Mais cette gloire ne met pas Moreau à l'abri des attaques calomnieuses, bien au contraire. Ses comptes en tant que commandant en chef, l'achat d'un château par sa belle-mère, la vie fastueuse qu'y mène le général lui-même après son retour de l'armée, tout est prétexte à de perfides insinuations, dont certaines émanent peut-être de Bonaparte en personne.

Moreau, pour sa part, ne fait rien pour atténuer cet antagonisme naissant. Sous l'influence de sa femme et de sa belle-mère, il s'abstient même ostensiblement de paraître aux Tuileries, désapprouve le Concordat, se gausse de la Légion d'honneur et laisse connaître ses mauvaises dispositions à l'égard du Premier consul. Cette attitude fait bientôt de lui le point de ralliement de tous les opposants au régime, aussi bien des amis républicains de Jean-Baptiste Bernadotte que des agents du Comte de Provence, au premier rang desquels Jean-Charles Pichegru.

Début 1804, impliqué dans la conspiration dirigée par ce dernier et Georges Cadoudal, Moreau est arrêté et jugé. Il nie toute participation au complot et ne reconnaît, plus tard, dans une lettre adressée à Bonaparte, que quelques démarches imprudentes. Les charges ne pouvant être établies et l'opinion publique étant favorable à l'accusé, les juges l'acquittent. Napoléon exige alors une seconde délibération qui se solde par une condamnation à deux ans de prison. Le tout nouvel empereur, furieux, commue cette peine en une sentence d'exil.

Jean-Victor Marie Moreau s'installe aux Etats-Unis d'Amérique, à Morrisville (Pennsylvanie), près de Trenton (New-Jersey). Il y passe les huit années suivantes, non sans garder le contact avec les différents groupes d'opposants de tous bords.

Après le désastre de la Campagne de Russie, Moreau décide de rentrer en Europe. Il a pour projet de proposer au Tsar la levée d'un corps de cinquante mille hommes parmi les prisonniers de la Grande-Armée, de les faire ensuite transporter par la marine anglaise sur la côte normande, de débarquer à leur tête et de marcher sur Paris pour y rétablir les Bourbons. Soumis à l'ambassade Russe aux Etats-Unis, ce plan est approuvé. Le 21 juin 1813, Moreau quitte les USA. Le 17 août il est à Prague auprès d'Alexandre Ier. Celui-ci repousse le projet tout en réservant le meilleur accueil à son concepteur.

Moreau, qui élabore les plans de la campagne de 1813-1814 avec Bernadotte, est nommé feld-maréchal et devient bientôt le conseiller technique favori du Csar. Le souverain russe envisage même de lui confier le commandement en chef des armées alliées quand un boulet français met fin à la carrière du vainqueur de la bataille d'Hohenlinden.

Blessé au genou le 26 ou 27 août, près de Dresde, amputé, Moreau meurt des suites de sa blessure le 2 septembre suivant à Lahn en Bohême. Le Tsar le fait inhumer dans la crypte de l'église catholique de Sainte-Catherine, à Saint-Pétersbourg.

"Jean Victor Marie Moreau". Ecole française du XIXème siècle.

"Jean Victor Marie Moreau". Ecole française du XIXème siècle.

Moreau a été nommé maréchal à titre posthume par Louis XVIII

Le nom de Moreau est inscrit sur la 13e colonne (pilier Est) de l'arc de triomphe de l'Étoile.  

Adresse

20, Rue de la Chaussée d'Antin. Paris IXème arrondissement  

Cet hôtel, ancienne propriété de Joseph Lakanal, appartient à Jean Victor Marie Moreau de février 1799 à juillet 1802.

Autres portraits

Jean Victor Marie Moreau (1763-1813)
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"Jean Victor Marie Moreau" par Jacques Luc Barbier-Walbonne (Nîmes 1769 - Passy 1860) d'après François Pascal Simon Gérard (Rome 1770 - Paris 1837).
Jean Victor Marie Moreau (1763-1813)
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"Jean Victor Marie Moreau". Gravure du XIXème siècle.