Comte de Mosloy
Prononciation :
Louis-Guillaume Otto voit le jour, selon les sources, soit à Strasbourg en 1753 soit à Kork, dans le duché de Bade, le 7 août 1754 au sein d'une famille protestante.
L'université de Strasbourg l'accueille pour des études de langues étrangères et de droit public. En 1776 ou 1777, sur recommandation de ses maîtres, il devient le secrétaire particulier du chevalier de La Luzerne, alors ministre plénipotentiaire de France en Bavière et le suit aux États-Unis lorsqu'il y est nommé (septembre 1779).
En mai 1785, après le départ pour Saint-Domingue de François de Barbé-Marbois, précédent titulaire du poste, il lui succède comme secrétaire de légation puis assure par deux fois l'intérim de ses chefs comme chargé d'affaires avant de rentrer en France en décembre 1792. Durant ces années, il se lie d'amitié avec George Washington et les principaux membres du congrès, épouse une demoiselle Livingston, membre de l'une des familles les plus considérables des États-Unis puis, après son décès, se remarie avec la fille de J. Hector Saint-John de Crèvecoeur, consul de France à New-York et écrivain de renom.
Peu après son retour, en février 1793, le Comité de Salut public le nomme chef de la première division politique des relations extérieures, en remplacement d'Hugues Bernard Maret (futur duc de Bassano), envoyé en mission à Londres. Mais la journée révolutionnaire du 31 mai, qui signe la défaite politique des Girondins, provoque sa destitution. Arrêté, interné au palais du Luxembourg dont la Convention a fait une prison, il manque de peu partager leur funeste sort.
Les sources divergent sur la période qui va du 9 thermidor an III à mai 1798. Reprend-il son poste ? Se retire-t-il immédiatement à Lesches (Seine-et-Marne) ? Ce qui semble sûr est qu'il n'occupe plus de fonction officielle quand Emmanuel-Joseph Sieyès, partant pour son ambassade de Berlin, se l'adjoint comme secrétaire de légation.
Un an plus tard, quand Siéyès, élu Directeur, rentre à Paris, Otto, lui, reste à Berlin comme chargé d'affaires.
Début 1800, sa parfaite connaissance de la langue et des moeurs anglaises l'envoie à Londres, d'abord comme commissaire pour l'échange des prisonniers de guerre, puis comme ministre plénipotentiaire chargé d'entamer des négociations de paix avec le cabinet britannique. Le 1er octobre 1801, sa mission est remplie. Après avoir surmonté bien des difficultés, il signe les préliminaires de la paix, suscitant l'allégresse des populations à Paris comme à Londres.
Resté en poste après la signature définitive du traité d'Amiens, il quitte Londres à la fin de l'année 1802, peut-être pour avoir mécontenté son ministre de tutelle, Talleyrand, en refusant de prêter la main à ses opérations spéculatives. On lui offre ensuite la place de ministre plénipotentiaire aux États-Unis, qu'il doit refuser en raison de la santé de sa femme, et il se retrouve à Munich (1803), à la cour de l'Électeur de Bavière, affectation alors de second ordre.
Mais son action sait lui donner de l'éclat. En 1805, il parvient à déterminer l'Électeur à ne pas adhérer à la coalition que l'Angleterre, l'Autriche et la Russie ont conclue contre la France puis lui évite d'être capturé par l'armée autrichienne une fois qu'elle a envahi le pays. Napoléon lui en témoigne sa satisfaction en le nommant conseiller d'État et grand-officier de la Légion d'honneur.
Otto demeure à Munich jusqu'en 1809 puis est nommé à Vienne ‒ aussitôt après la campagne d'Autriche selon certaines sources (janvier 1810 pour le site de l'ambassade de France en Autriche), en 1811 selon d'autres. Il semble en tout cas avoir joué un rôle dans la conclusion du mariage entre Napoléon et Marie-Louise et devient comte de Mosloy en 1810.
Rappelé en mars 1813, il est fait ministre d'État. Au début de l'année suivante, le gouvernement décide de l'envoyer à Mayence pour affermir la loyauté de cette ville, mais il ne peut même pas l'atteindre.
Bien qu'il se soit rallié à la monarchie, la première Restauration, peut-être sous l'influence de Talleyrand dont l'inimitié le poursuit depuis 1801, met Otto à l'écart en faisant de lui un conseiller d'État honoraire.
Très sensible à cet affront, il accepte durant les Cent-Jours la place de sous-secrétaire d'État aux Relations extérieures. Après Waterloo, le gouvernement provisoire le charge d'une mission auprès du gouvernement anglais, relative à la sûreté personnelle de Napoléon. Mais il ne peut obtenir ses passeports et ne dépasse pas Calais.
Il cesse par la suite toute activité publique et meurt à Paris le 9 novembre 1817.
"Le comte Otto de Mosloy (détail d'un tableau le représentant avec son gendre le comte Pelet de la Lozère") par Johann Baptiste Seele (Meßkirch, Württemberg 1774 - Stuttgart 1814).
Sa tombe se trouve à Paris, au cimetière du Père Lachaise, division 37.