Mamelouk de l'Empereur
Prononciation :
C'est à Tiflis (l'actuelle Tbilissi), en Géorgie, que voit le jour vers 1780 ou 1782 Roustam Raza, sixième enfant d'un négociant arménien, Roustam Honan, et d'une Géorgienne, Bouchid-Vari. Il est âgé de deux ans lorsque sa famille regagne Aperkan en Arménie, dont son père est originaire. A l'orée de l'adolescence, alors que sa famille est dispersée lors de la guerre entre Perses et Arméniens, le jeune Roustam est enlevé par des Tarars puis vendu comme esclave à sept reprises.
En 1797, il est acheté à Constantinople par un bey du Caire, qui l'intègre dans son corps de cavalerie de mamelouks. Il ne participe pas à la bataille des Pyramides, effectuant alors un pèlerinage à la Mecque avec son maître. A la mort de ce dernier, il passe au service du sheik El Bekri au Caire ; celui-ci, ami du général Napoléon Bonaparte, le lui cède en août 1799.
Roustam rentre en France avec Napoléon et devient bientôt le garde de corps et l'intime du premier Consul, puis de l'Empereur, dormant à la porte de sa chambre et le suivant dans toutes les campagnes. D'Espagne en Prusse, d'Italie en Autriche et en Russie, il ne passe pas inaperçu, aux côtés de son maître, dans son costume oriental qui rappelle la conquête de l'Egypte et qui devient rapidement une source d'inspiration pour les modistes.
En 1811, la maladie ayant interrompu son service, il se voit adjoindre un second, Louis Étienne Saint-Denis, qui porte le même costume et reçoit le surnom de Mamelouk Ali.
Au soir du 12 avril 1814, à Fontainebleau, Napoléon 1er, qui vient d'abdiquer, tente de se suicider au poison. Le lendemain matin, il demande à Roustam de lui apporter ses pistolets. Effrayé à l'idée de pouvoir être accusé de tentative d'assassinat, le fidèle mameluck s'enfuit. Lors des Cent-Jours, il vient proposer à nouveau ses services à l'Empereur, mais celui-ci, qui n'a pas compris son départ l'année précédente, le fait éconduire.
En 1824 et 1825, il est à Londres où il gagne sa vie en s'exhibant dans les théâtres de la ville dans sa tenue exotique.
Roustam s'installe en 1827 à Dourdan (à l'époque dans le département de Seine-et-Oise) avec sa femme Alexandrine (épousée en 1806 au retour de la campagne d'Austerlitz) qui y a obtenu la recette des postes. Il vaque à l'éducation de leurs enfants : un fils, Achille, qui entrera comme employé au Journal Officiel et une fille qui épousera un huissier de Paris. Roustam s'y éteint le 7 décembre 1845, et est inhumé au cimetière de la ville.
"Le mamelouk Roustam Raza" peint en 1806 par Jacques-Nicolas Paillot de Montabert (Troyes 1771 - Saint-Martin-ès-Vignes 1849).
Roustam a laissé des Souvenirs écrits, retrouvés et publiés en 1911.
Lors de l'incendie de Moscou en 1812, des maisons appartenant à l'Eglise arménienne ayant échappé aux flammes, Roustam demanda à Napoléon de les épargner de réquisition, ce qu'il obtint.
Autres portraits
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"Roustam Raza" peint en 1811 par Émile Jean Horace Vernet (dit Horace Vernet, Paris 1789 - Paris 1863).
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"Roustam Raza". Dessin de Mathieu-Ignace Van Brée (Anvers 1773 - Anvers 1839).
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"Rustan, der Leib Mameluck des Kaisers Napoleon". Estampe du XIXème siècle.