Prononciation :
Guillaume Dupuytren vient au monde le 6 octobre 1777 à Pierre-Buffière, en Limousin (actuel département de la Haute-Vienne). Il arrive à Paris en 1789 et entre au collège de la Marche, rue de la montagne Sainte-Geneviève.
Il est tenté, à l'époque de la "Patrie en danger", par un engagement dans l'armée mais son père, avocat de formation, préfère le voir chirurgien et l'inscrit en 1793 comme stagiaire à l'hôpital Saint-Alexis de Limoges. Par la suite, Guillaume gagne Paris où il suit des cours à la Charité, à la Salpêtrière, à l'Ecole de Santé, ayant pour maîtres Alexis Boyer pour l'anatomie, Auguste Thouret pour la médecine, Louis-Nicolas Vauquelin et Edme Jean-Baptiste Bouillon-Lagrange pour la chimie, Philippe Pinel pour l'aliénation mentale. Sans le sou, il étudie avec ardeur, ne recherchant le délassement que dans la lecture des grands auteurs.
Il est nommé à dix-huit ans prosecteur (assistant d'un professeur, qui prépare et dirige les travaux pratiques d'anatomie, notamment les dissections) à la Faculté de Paris. Jean-Nicolas Corvisart le charge spécialement des autopsies, non sans le recommander auprès du célèbre professeur de physiologie, Leclerc, dont il devient le collaborateur. A vingt-quatre ans, en 1801, il est nommé chef des travaux anatomiques. Ses assistants se nomment alors Antoine-Laurent-Jessé Bayle et René-Théophile-Hyacinthe Laënnec.
Ses qualités professionnelles vont malheureusement de pair avec un orgueil et un appétit de notoriété qui lui font dire, à la mort de Xavier Bichat en 1802 : Enfin, je commence à respirer
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En septembre 1803 il soutient sa thèse : Propositions sur quelques points d'anatomie, de physiologie et d'anatomie pathologique puis il se met à enseigner l'anatomie. Il est nommé sur concours chirurgien assistant de l'Hôtel-Dieu, puis Inspecteur général de l'Université lors de sa création en 1808, professeur de médecine opératoire en 1812, enfin chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu en septembre 1815.
La Restauration le comble d'honneurs : créé baron en 1816, il devient premier chirurgien du roi, puis est élu membre de l'Académie des sciences en 1825.
Professeur craint de ses élèves, grand praticien et travailleur infatigable (on le surnomme « la Bête de Seine »), Dupuytren exécute et perfectionne presque toutes les opérations chirurgicales. On lui doit plusieurs opérations nouvelles au XIXe siècle, notamment la cicatrisation de l'intestin dans les hernies étranglées, la ligature des principaux troncs artériels, la résection du maxillaire inférieur, la réduction chirurgicale de la fracture inférieure des deux os de la jambe (qui porte, depuis, son nom), et bien entendu le traitement chirurgical de la fibrose rétractile de l'aponévrose palmaire de la main (qui, elle aussi, porte le nom de maladie de Dupuytren).
Il amasse alors, par son travail (il voit jusqu'à dix mille patients par an), une grande fortune, que l'on estime en 1830 à trois millions de Francs. Il en offre le tiers à Charles X exilé, lequel trouve plus sage de refuser.
Victime d'une première attaque en novembre 1833, Guillaume Dupuytren succombe le 8 février 1835 à Paris. Sa tombe se trouve au cimetière parisien du Père-Lachaise, 38ème division .
"Guillaume Dupuytren". Ecole française du XIXème siècle.
Bien que contemporain de grandes personnalités médicales comme René Laënnec, Marc-Antoine Petit, Philibert Joseph Roux, Xavier Bichat, Dominique-Jean Larrey, et d'autres, son caractère difficile l'empêcha d'avoir des amis (à l'exception notable de son élève Jean Cruveilher, limougeaud comme lui) ou de laisser des disciples. Joseph-François Malgaigne écrira de lui : On ne peut prétendre à la gloire quand on n'a visé que la célébrité
et Pierre-François Percy le qualifiera, avec dureté, de Premier parmi les chirurgiens, dernier parmi les hommes
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"Guillaume Dupuytren". Gravure du XIXème siècle.