N & E
Napoléon & Empire

André Masséna (1758-1817)

Duc de Rivoli, prince d'Essling

Prononciation:

Blason de André Masséna (1758-1817)

Né à Nice  Nice le 6 mai 1758, devenu orphelin très jeune, c'est à dix-sept ans, en 1775, qu'André Masséna entre au service de la France en s'engageant dans le régiment de Royal Italien. Il en est congédié quatorze ans plus tard, en août 1789, sans avoir pu dépasser le grade d'adjudant.

Il vit alors quelque temps à Antibes en se livrant, semble-t-il, à la contrebande.

Début 1792, élu lieutenant-colonel du 2ème bataillon des volontaires du Var, il est affecté à l'armée d'Italie où il se révèle particulièrement utile lors de l'invasion du comté de Nice. Fait général de brigade en août 1793, puis de division en décembre après s'être distingué au siège de Toulon, il est, en novembre 1795, le principal auteur de la victoire de Loano, qui ouvre aux Français les portes de la péninsule.

Le commandement de la campagne suivante lui échappe cependant pour échoir à un général de onze ans plus jeune que lui et son cadet en promotion, Napoléon Bonaparte.

Le dépit qu'il en conçoit le pousse à prouver sa valeur en réalisant des prodiges à la tête de sa colonne de grenadiers, en avant-garde de l'armée. C'est lui qui force le passage du pont de Lodi (10 mai 1796), qui entre le premier à Milan (14 mai) puis à Vérone (3 juin) et qui écrase les Autrichiens à Lonato (3 août). Il s'illustre encore à Arcole (15-17 novembre), à Rivoli (14 janvier 1797) où il prend une part décisive à la victoire, à la Favorite enfin (16 janvier), où Bonaparte le surnomme l'enfant chéri de la Victoire. Il participe ensuite à la fulgurante marche sur Vienne qui ne s'interrompt qu'à cent kilomètres de cette capitale et se taille, au cours de cette course, la réputation de pillard et de concussionnaire qui ne le quittera plus.

A son retour de France, où il a été chercher auprès du Directoire la ratification des préliminaires de la paix de Léoben, André Masséna est nommé à la tête des troupes occupant Rome. Ses détournements de fonds, pratiqués publiquement et à grande échelle, tandis que la solde de ses soldats n'est pas payée, provoquent une mutinerie. Fait sans exemple dans les annales, ses propres officiers, réunis en assemblée, déclarent ne plus reconnaître son autorité et refuser de servir sous ses ordres. Il doit quitter Rome et se retrouve en disponibilité, malgré ses appels à Napoléon Bonaparte, qui fait la sourde oreille.

La plupart des meilleurs généraux se trouvant en Égypte, le Directoire fait à nouveau appel à lui en février 1799, quand la guerre se rallume. Il prend alors le commandement de l'armée d'Helvétie puis de toutes les forces françaises entre Düsseldorf et Saint-Gothard, au total trente mille hommes, avec lesquels il doit faire face à cent mille Autrichiens. Il parvient, à la faveur de circonstances favorables, à s'emparer de Zurich puis à y battre les armées russes de Souvorov (25-26 septembre) qu'il contraint à une retraite désastreuse. La coalition s'en trouve disloquée. Le retentissement de cette victoire, venant après une série de désastres en Italie, propulse Masséna au rang de sauveur de la patrie. Peut-être alors aurait-il pu tenter pour son propre compte le coup d'État que Napoléon Bonaparte réussira deux mois plus tard.

Celui-ci, devenu Premier Consul, le nomme à la tête d'une armée d'Italie affaiblie, avec laquelle il ne peut mieux faire que s'enfermer dans Gênes  Gênes, par A.L. Garneray en attendant des secours qui ne viennent pas. Il résiste héroïquement du 5 avril au 4 juin 1800 puis capitule, non sans obtenir de pouvoir ramener son armée sur le Var. Sa résistance, en mobilisant d'importantes forces autrichiennes, a sans doute facilité la victoire de Marengo. Bonaparte ne lui en retire pas moins son commandement.

Les électeurs, eux, ne lui en tiennent pas rigueur et l'envoient siéger au Corps législatif (1803-1807), se fiant peut-être à cette réputation de général républicain, confortée par son vote contre le consulat à vie, qui lui vaut d'être placé sous surveillance par la police. Mais celle-ci ne trouve rien de politiquement compromettant à lui reprocher.

Il fait donc partie de la première promotion de maréchaux en 1804 et retrouve à nouveau l'armée d'Italie l'année suivante. Il s'y oppose avec un certain succès à l'archiduc Charles mais se laisse à nouveau aller à de faramineuses malversations dont l'Empereur est informé.

Napoléon 1er lui confie cependant en 1806 la conquête du royaume de Naples pour le compte de son frère Joseph, mission dont il s'acquitte avec succès.

André Masséna ne joue ensuite qu'un rôle secondaire durant la campagne de Pologne et obtient à son issue un congé pour raison de santé, volontiers accordé par un Napoléon qui ne tient pas à le compter parmi ses proches.

D'où l'étonnement du maréchal quand, en mars 1808, l'Empereur le crée duc de Rivoli. Un an plus tard exactement, le même le rappelle au service actif, à l'occasion de la campagne d'Allemagne. Masséna se couvre de gloire à Essling, en parvenant à conserver, face à une armée autrichienne en écrasante supériorité numérique, le petit pont qui permettra la retraite des troupes françaises isolées sur la rive gauche du Danube. Six semaines plus tard, à Wagram, à nouveau en situation difficile, il doit soutenir seul l'attaque du gros de l'armée autrichienne en attendant le coup de massue que l'Empereur lui a promis de porter. Ces exploits lui valent de recevoir en janvier 1810 le titre de prince d'Essling, avec un majorat de 500 000 francs et la donation du château de Thouars (Deux-Sèvres).

Deux mois plus tard, il est envoyé au Portugal. Il s'y heurte au mauvais vouloir de ses subordonnées, Michel Ney et Jean-Andoche Junot, et à l'inertie de Jean-de-Dieu Soult, qui ne lui amène pas les renforts promis. Si bien qu'après quelques succès initiaux, il doit renoncer à franchir les lignes fortifiées de Torres Vedras. Battant en retraite, il repasse la frontière espagnole en mars 1811, poursuivi par Wellington.

Très mécontent, Napoléon Ier le confine alors, jusqu'en mars 1814, dans le commandement de la division militaire de Marseille, fonction que lui conserve Louis XVIII.

Durant les Cent-Jours, il se rallie sans enthousiasme à l'Empereur, qui le nomme Pair de France le 8 juin 1815 mais ne lui confie aucun commandement. Après Waterloo, Joseph Fouché, devenu président du gouvernement provisoire, lui offre cependant celui de la garde nationale. A ce poste, il parvient à se rendre utile une dernière fois en maintenant l'ordre à Paris durant cette période troublée.

Après la seconde Restauration, il fait partie à son corps défendant du conseil de guerre que le roi charge de juger le maréchal Ney mais qui se déclare incompétent. Il doit alors faire face à une dénonciation qui l'accuse d'avoir favorisé par son inaction l'avance de Napoléon après son débarquement. Le sachant gravement malade ‒ il est atteint de la tuberculose ‒ le gouvernement royal laisse la procédure s'enliser jusqu'à la mort du maréchal.

Il s'éteint le 4 avril 1817 dans son hôtel parisien de la rue de Bourgogne (où il était le locataire du maréchal Mortier), léguant à sa femme une immense fortune. Son imposante tombe  Tombe d'André Masséna se trouve à Paris, au cimetière du Père Lachaise, division 28.

"Le maréchal Masséna, prince d'Essling" par Franz Gabriel Fiesinger (Offenburg 1723 - Londres 1807).

"Le maréchal Masséna, prince d'Essling" par Franz Gabriel Fiesinger (Offenburg 1723 - Londres 1807).

Le nom de Masséna est inscrit sur la 23e colonne (pilier Sud) de l'arc de triomphe de l'Étoile  Arc de triomphe de l'Etoile à Paris. Une statue en pied du prince d'Essling signée Anatole Calmels honore sa mémoire sur la façade Nord du Louvre, rue de Rivoli  Statue du maréchal Massena, rue de Rivoli à Paris et une autre, en bronze, oeuvre d'Albert-Ernest Carrier-Belleuse, lui rend hommage dans sa ville natale  Statue du maréchal Masséna, à Nice.


Franc-maçonnerie : Le maréchal Masséna, qui avait été initié à Toulon en 1784 par "Les Élèves (ou Les Enfants) de Minerve" alors qu'il était simple adjudant au Royal-Italien, fut membre de multiples loges dont "Les Vrais Amis Réunis" à l'orient de Nice, "Sainte Caroline" à Paris, "L'Etroite Union" de Thouars (Deux-Sèvres) et la loge militaire "La Parfaite Amitié", et devint Grand administrateur du Grand Orient de France et membre du Suprême Conseil du 33e degré.

Les Postes de Monaco ont émis en 2008 un timbre de 0,86 EUR  Timbre-poste à l'effigie d'André Masséna à l'effigie d'André Masséna.

Carrière militaire détaillée

établie par M. Eric Le Maître (voir son site web), mise en ligne avec son aimable autorisation.

Blessures au combat

Aucune.

Captivité

Aucune.

Premier engagement

Volontaire au régiment Royal-Italien, 18 août 1775.

Évolution de carrière

Caporal, le 1er septembre 1776.

Sergent, le 18 avril 1777.

Fourrier, le 14 février 1783.

Adjudant sous-officier, le 4 septembre 1784.

Adjudant major, le 21 septembre 1791.

Lieutenant colonel en second, le 1er février 1792.

Lieutenant colonel en premier, le 1er août 1792.

Général de brigade, le 22 août 1793.

Général de division provisoire, le 20 décembre 1793 et confirmé, le 29 août 1794.

Maréchal de l'Empire, le 19 mai 1804.


États de service

Mousse sur un vaisseau marchand, en 1771.

Volontaire au Régiment Royal-Italien, le 18 août 1775.

Congédié par ancienneté, le 3 août 1789.

Au 2e bataillon de volontaires du Var, le 21 septembre 1791.

A la 3e brigade de l'armée du Var, en septembre 1792.

A l'armée d'Italie, de 1792 à 1798.

Au 51e régiment d'infanterie, le 17 août 1793.

Au corps de siège de Toulon, le 14 décembre 1793.

Commandant de Toulon, le 22 décembre 1793.

Commandant l'aile droite de l'armée d'Italie, le 2 janvier 1794.

Commandant l'aile droite de l'armée d'Italie, en avril 1795.

Commandant les deux divisions de l'avant-garde, le 27 mars 1796.

Commandant la 3e division de l'armée d'Italie, le 29 avril 1796.

Commandant la 1ère division de l'armée d'Italie, le 5 mars 1797.

Commandant les troupes occupant les États du pape, le 3 février 1798.

Commandant une division à l'armée de Mayence, le 16 août 1798.

Commandant en chef l'armée d'Helvétie, le 9 décembre 1798.

Commandant en chef provisoire des armées du Danube et d'Helvétie, le 9 décembre 1799.

Commandant en chef de l'armée d'Italie, le 23 novembre 1799.

Général en chef des armées d'Italie et de Réserve, le 24 juin 1800.

Quitte son commandement, le 21 août 1800.

Député de la Seine au Corps législatif, du 28 juillet 1803 au 31 décembre 1807.

Commandant en chef l'armée d'Italie, le 30 août 1805.

A la Grande Armée, commandant du 8e corps, le 11 décembre 1805.

Commandant en chef de l'armée de Naples, le 28 décembre 1805.

Commandant le 1er corps de l'armée de Naples, sous Joseph Bonaparte, le 21 février 1806.

A la Grande Armée, commandant du 5e corps, le 24 février 1807.

Obtient un congé, le 15 juillet 1807.

Commandant le corps d'observation de l'armée du Rhin, le 23 février 1809.

Devenu le 4e corps de l'armée d'Allemagne, le 11 avril 1809.

Commandant en chef l'armée de Portugal, le 17 avril 1810.

Suite à son échec à Fuentes de Onoro, 3 et 5 mai 1811, est rappelé en France et disgracié, le 7 mai 1811.

Gouverneur de la 8e division militaire à Toulon, le 16 avril 1813.

Essaie d'arrêter la marche de Napoléon à son retour de l'île d'Elbe mais se rallie à lui, le 11 avril 1815.

Pair de France, le 2 juin 1815.

Commandant en chef la garde nationale de Paris, du 22 juin au 8 juillet 1815.

Gouverneur de Paris, le 3 juillet 1815.

Remplacé à la rentrée des Bourbons.

Remerciements

La photo de la statue en pied du prince d'Essling, rue de Rivoli à Paris, nous a été grâcieusement fournie par M. Cyril Maillet.

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