N & E
Napoléon & Empire

Jean Ambroise Baston de Lariboisière

Comte de l'Empire, Grand officier de la Légion d'honneur

Prononciation :

Blason de Jean Ambroise Baston de Lariboisière (1759-1812)

Jean Ambroise Baston de Lariboisière (ou La Riboisière, ou Lariboisierre, ou encore La Riboissière), fils d'Ambroise Baston, sieur de Lariboisière, et d’Anne-Marie Monnière, dame de Neuville, voit le jour à Fougères, en Bretagne, le 18 août 1759. Le village de La Riboisière situé en la commune de Romagné (distante de 6 kilomètres de Fougères) était une propriété de son arrière-grand-mère.

Il embrasse de bonne heure la carrière militaire (1780) et sert avant la Révolution dans le même régiment d'artillerie (celui de La Fère) que Napoléon Bonaparte, avec lequel il se lie d'amitié à Valence.

Profitant d’un congé de semestre, il se marie le 17 avril 1786 avec Marie-Jeanne-Joseph-Victor Le Beschu de la Raslaye, petite cousine d’Armand Tuffin, marquis de la Rouêrie (héros de la guerre d’Indépendance Américaine et promoteur de la conjuration bretonne).

Capitaine en 1791, il combat sous Adam Philippe de Custine Adam Philippe de Custine à l'armée du Rhin. Après une courte captivité à l’issue de la capitulation de Mayence [Mainz] en 1793, il participe aux campagnes de la Révolution et du Consulat, toujours comme artilleur. Il est nommé sous-directeur d’artillerie à Landau puis siège plusieurs fois au comité central d’artillerie. Désigné successivement directeur général des parcs à l’armée du Rhin, directeur de l’Arsenal de Strasbourg, il accède au grade de général de brigade en août 1803 et devient commandant en second de l’artillerie du camp de Bruges.

En septembre 1805, il est affecté comme commandant de l’artillerie du corps du maréchal Jean-de-Dieu Soult. À Austerlitz, Lariboisière se signale par l'emploi de ses batteries contre des colonnes russes engagées sur un étang gelé, causant de lourdes pertes à l'ennemi.

Il gagne à Iéna, le 14 octobre 1806, ses galons de général de division et sa nomination à la tête de l'artillerie de la Garde impériale en brisant plusieurs charges d'infanterie prussienne grâce à la seule artillerie ; cette double promotion intervient en janvier 1807.

C'est à ce poste que La Riboisière s'illustre à Eylau le 8 février, puis devant Dantzig [Gdansk], où il est blessé par un boulet, enfin à Heilsberg et à Friedland, ce qui lui vaut l'honneur de diriger sur le Niémen la construction du radeau sur lequel Napoléon Ier et le tsar Alexandre Ier se rencontrent  Entrevue de Napoléon Ier et d'Alexandre Ier sur le Niemen, par A. Roehn en prélude à la paix de Tilsit (ou Tilsitt).

Les années suivantes le voient servir en Espagne en 1808, puis en 1809 à Essling et Wagram, où il dirige en chef l’artillerie de l’armée d’Allemagne.

Fait grand officier de la Légion d'honneur en juin 1807, comte de l'Empire en mars 1808 (lettres patentes définitives du 26 octobre 1808), Lariboisière devient premier inspecteur général de l'artillerie en 1811, avant de prendre part à la campagne de Russie en 1812, au cours de laquelle sa longue expérience d'artilleur fait merveille, que ce soit à Smolensk le 17 août ou à la bataille de la Moskova le 7 septembre. Cette victoire est cependant endeuillée pour lui par la mort au combat de son fils cadet Ferdinand, lieutenant de carabiniers à la 3e compagnie du 1er régiment, qui succombe le 12 septembre des suites de ses blessures  La Bataille de la Moskowa (détail), par L.F. Lejeune (il est enseveli dans les murailles de la ville de Mojaïsk [Можайск]).

Lors de l’incendie qui ravage Moscou [Москва], c’est lui qui convainc Napoléon de quitter le Kremlin en proie aux flammèches qui menacent de faire exploser plus de 400 caissons de munitions entreposés dans la cour.

A l'issue de la retraite de Russie, Jean Ambroise Baston de Lariboisière meurt d'épuisement et de chagrin à Königsberg en Prusse orientale [de nos jours Kaliningrad en Russie] le 21 décembre 1812.

La dépouille du général, ramenée en France par son fils Honoré et Nicolas-Louis Planat de la Faye (tous deux ses aides de camp) repose  Jean-Ambroise Baston de Lariboisière aux Invalides, dans la crypte des gouverneurs  Crypte des Gouverneurs aux Invalides de la cathédrale Saint-Louis, et son coeur à l'intérieur d'une chapelle privée  Jean Ambroise Baston de Lariboisière dans le parc de son château de Monthorin.

"Le comte Jean Ambroise Baston de Lariboisière" par Jean-Baptiste Mauzaisse (Corbeil 1784 - Paris 1844).

"Le comte Jean Ambroise Baston de Lariboisière" par Jean-Baptiste Mauzaisse (Corbeil 1784 - Paris 1844).

Le nom "Lariboissière" est inscrit sur la 15e colonne (pilier Est) de l'arc de triomphe de l'Étoile  Arc de triomphe de l'Etoile à Paris.

Une statue en pied du général, signée Léo Roussel, honore sa mémoire sur la façade Nord du Louvre, rue de Rivoli  Statue du général de Lariboisière, rue de Rivoli à Paris.

Une statue équestre  Statue équestre du général de Lariboisière, à Fougères signée Georges Récipon (1860-1920), qui avait été inaugurée le 26 juin 1893, fut déboulonnée en juin 1942 en vertu de la loi du 11 octobre 1941 relative à l’enlèvement des statues et monuments métalliques en vue de la refonte. Avant le retrait, sur décision de la municipalité, un moulage en plâtre a été réalisé par la maison parisienne Barsanti. Ce moule, conservé au château de Fougères, a été utilisé en 1999 par le sculpteur mayennais Louis Derbré pour refondre la statue à l’identique.

Il existe également au Musée des Beaux-arts de Rennes un buste en plâtre du général par Pierre Gourdel, et au musée de l’Empéri à Salon de Provence des portraits sur médaillon du général et de son fils Ferdinand.

Les archives municipales de Fougères conservent dans une reliure en maroquin 74 lettres de Napoléon adressées au général.

L'hôpital Lariboisière, à Paris, ne doit pas son nom au général, mais à sa belle-fille la comtesse Elisa de Lariboisière.

Décorations

Chevalier de la Légion d’Honneur le 11 décembre 1803,

Commandant de la Légion d’Honneur le 16 juin 1804,

Grand officier de la Légion d’Honneur le 4 juin 1807,

Chevalier de l’ordre de Saint Henri de Saxe le 1er juillet 1807,

Commandant de l’ordre militaire de Bade le 30 novembre 1807,

Grand-Croix de la Couronne de fer le 14 août 1809,

Grand-Cordon de l’ordre de Charles-Frédéric le 20 octobre 1809,

Clé de Chambellan le 10 mars 1810.

Adresse

Le général de La Riboisière possède à partir de décembre 1807 le château de Monthorin  Château de Monthorin à Louvigné-du-Désert, près de sa ville natale de Fougères en Ille-et-Vilaine.

Remerciements

Nous exprimons notre gratitude au général de division Christian Baptiste, directeur du Musée de l'Armée, qui nous a autorisés à accéder au caveau des Gouverneurs de la cathédrale Saint-Louis des Invalides, et à M. Mickaël Blasselle, qui nous a guidés pour cette visite en décembre 2011.

Nous remercions également M. Milan, fils de l'actuel propriétaire du château de Monthorin, qui nous a permis de photographier le château et l'intérieur de la chapelle abritant le coeur du général de Lariboisière.

La photo de la statue en pied du général, rue de Rivoli à Paris, nous a été grâcieusement fournie par M. Cyril Maillet, à qui nous exprimons notre reconnaissance.

Merci, enfin, à M. Dominique Bouyer, qui nous a apporté d'utiles précisions sur la statue équestre du général, à Fougères, et sur divers épisodes de sa biographie.

Autres portraits

Jean Ambroise Baston de Lariboisière (1759-1812)
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"Le général Jean-Ambroise Baston de Lariboisière et son fils Ferdinand, lieutenant à la première compagnie du premier régiment de Carabiniers à cheval avant la bataille de la Moskowa en 1812" par Antoine-Jean Gros (Paris 1771 - Meudon 1835).