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Napoléon & Empire

Abraham-Louis Breguet

Prononciation :

Abraham-Louis Breguet (1747-1823)

Abraham-Louis Breguet vient au monde le 10 janvier 1747 à Neuchâtel, alors sous souveraineté du roi de Prusse.

Il se forme à l'horlogerie d'abord aux Verrières, près de sa ville natale, puis durant une décennie à Versailles (en particulier auprès de Ferdinand Berthoud, horloger de la Marine Royale, et de Jean-Antoine Lépine). En 1775, il gagne Paris et ouvre son propre atelier au 39 quai de l'Horloge sur l'Île de la Cité.

Dès 1780, il invente la montre dite perpétuelle ou automatique, pourvue d'un rotor qui par l'intermédiaire d'un rouage démultiplicateur remonte le ressort de la montre au moindre geste de son porteur. Le duc d'Orléans est le premier acquéreur d'un tel modèle, puis, en 1782, la reine Marie-Antoinette lui commande la montre perpétuelle à répétition et quantième n°2 10/82.

En 1783, il invente le ressort-timbre pour les montres à répétition, et est l'année suivante officiellement reconnu Maître Horloger.

C'est durant cette période qu'il assied l'esthétique qui caractérisera désormais la marque : aiguilles dites à pommes, chiffres arabes, cadran guilloché.

Les années de tourmente révolutionnaire voient Abraham-Louis Breguet multiplier les inventions et innovations, d'abord en Suisse où il réside trois ans sur les conseils de Jean-Paul Marat, puis à Paris : clef à cliquet et échappement naturel sans huile en 1789, dispositif anti-choc Pare-chute en 1790, mécanisme du télégraphe optique de Claude Chappe en 1792, première description de la pendule sympathique, développement du calendrier perpétuel, du Spiral Breguet et du cylindre de rubis en 1795, montre simple à une seule aiguille dite Montre de Souscription en 1796 (pour laquelle le client doit verser une avance à la commande), brevet de l'échappement à force constante et invention du chronomètre musical en 1798, création de la montre à tact en 1799.

Sous le Consulat et l'Empire, sa principale invention est celle du régulateur à tourbillon en 1801, qu'il ne rendra publique que cinq ans plus tard. Il assied définitivement la primauté de la marque Breguet en ayant comme clients tous les membres de la famille Bonaparte, à commencer par Napoléon en personne, qui avait acquis trois pièces dès avant la Campagne d'Égypte en 1798 : une montre à répétition à échappement isolé, une pendulette de voyage à almanach et répétition, et une montre perpétuelle à répétition.

Il en est de même pour les deux impératrices Joséphine puis Marie-Louise, les frères et soeurs de l'Empereur (la meilleure cliente étant Caroline Murat, récipiendaire de pas moins de trente-quatre montres et pendules entre 1805 et 1814, dont la première montre-bracelet de l'histoire commandée en 1810 et terminée fin 1812). Comme il se doit, les hauts dignitaires, ministres, maréchaux, comptent également parmi les clients de la maison Breguet.

En 1814, Abraham-Louis Breguet devient membre du Bureau des longitudes.

A la Restauration, il est nommé horloger de la Marine Royale dès 1815, entre à l'Académie des Sciences et reçoit la Légion d'Honneur des mains du roi Louis XVIII.

Ces honneurs n'amoindrissent pas ses talents d'innovation, bien au contraire : chronomètre de marine à double barillet en 1815, oculaire de lunette astronomique en 1819, montre à doubles secondes ou chronomètre d'observation ‒ ancêtre du chronographe moderne ‒ en 1820.

Abraham-Louis Breguet s'éteint à Paris le 17 septembre 1823, laissant une entreprise florissante dans les mains de son fils Antoine-Louis (lequel l'avait intégrée dès 1807). Il repose au cimetière du Père-Lachaise (11ème division)  Tombe d'Abraham-Louis Breguet.

"Abraham-Louis Breguet". Ecole française du début du XIXème siècle.

"Abraham-Louis Breguet". Ecole française du début du XIXème siècle.

Il suffit, pour comprendre à quel point cet horloger de génie était en avance sur son temps, de confronter l'année où la montre-bracelet est créée pour Caroline (1810-1812) à celle où cet accessoire commence à apparaître chez les autres horlogers : 1868 chez Patek-Philippe (pour la comtesse hongroise Kocewicz), puis vers 1880 pour une diffusion plus générale (l'adoption se fera d'abord chez les dames, puis au tournant du siècle chez les hommes).

Abraham-Louis Breguet n'a jamais été de nationalité suisse. Le canton de Neuchâtel n'a en effet adhéré à la Confédération Helvétique qu'en 1814 ; or Breguet, né sujet du roi de Prusse, a acquis en 1792 la nationalité française, qu'il a conservée jusqu'à sa mort.
La fameuse montre incluant toutes les complications connues, baptisée Marie-Antoinette, dont il a entrepris la réalisation, ne sera achevée par son fils qu'en 1827, quatre ans après sa disparition.

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